Le chef du NPD Thomas Mulcair veut faire comprendre aux leaders français que le paysage politique canadien n'oppose plus les souverainistes et les fédéralistes, mais la droite et la gauche. Surtout que le clan souverainiste s'éloigne de plus en plus des principes sociaux-démocrates à son avis. «Le Parti québécois s'enligne peut-être avec un chef qui serait vraiment de droite, M. Péladeau, qui, je crois, détient le record des lock-out au Québec», a-t-il dit à La Presse.

En visite à Paris où il a critiqué l'accord de libre-échange entre le Canada et l'Europe, Thomas Mulcair se présente comme le visage de la gauche au Canada.

Au cours des derniers mois, fait-il valoir, le NPD a rallié beaucoup d'anciens partisans bloquistes, dont la députée Maria Mourani.

Confiant à l'approche des élections fédérales en octobre 2015, le leader de l'opposition officielle se voit déjà succéder à Stephen Harper comme premier ministre du Canada malgré son recul dans les sondages derrière les conservateurs et les libéraux.

«Il n'y a rien qui me ferait  plus plaisir, si les choses vont comme on souhaite et qu'on forme le gouvernement en octobre l'année prochaine, que mon premier geste à l'international soit d'assister à la Conférence des parties», a indiqué M. Mulcair, rencontré hier à l'ambassade du Canada à Paris.

La 21e Conférence des Parties sur les changements climatiques aura lieu à Paris en décembre 2015. C'est connu: le président François Hollande tente de convaincre le gouvernement canadien - qui s'est retiré du protocole de Kyoto - de s'associer au plan européen de réduction des gaz à effet de serre. «Il faut que le Canada arrête de travailler contre la planète», lance Thomas Mulcair.

Depuis son arrivée à Paris, le chef du NPD a notamment rencontré des représentants du Parti socialiste, dont leur président à l'Assemblée nationale Bruno Le Roux.

Avant-hier, M. Mulcair figurait parmi les orateurs des entretiens Royaumont, un laboratoire d'idées (think tank) qui a réuni des personnalités politiques dans une abbaye à l'extérieur de Paris.

Comme il l'a fait au Canada en octobre dernier, le leader de l'opposition officielle a condamné une disposition de l'entente de l'accord de libre-échange entre le Canada et l'Europe - qui doit encore être ratifié par les parties - qui porte sur les droits des entreprises à poursuivre un État qui adopterait des lois jugées nuisibles à leur croissance. Mulcair dit discuter avec des collègues sociaux-démocrates inquiets de l'Autriche, des Pays-Bas, ainsi que de l'Allemagne, qui a publiquement exprimé ses réticences.

«Au terme de ces ententes-là, un État-nation ne pourrait plus décider ce qui est dans l'intérêt et la santé de sa population, plaide Thomas Mulcair. On va continuer de suivre cela. Nous sommes favorables au principe d'une entente avec l'Europe [...] Nous n'avons pas encore pris notre décision définitive si on supporte l'accord ou non.»

Élections à l'horizon

Lors de ses rencontres à Paris, Mulcair a valorisé «le rôle d'investisseur stratégique de l'État» au sein de l'économie. Il a cité l'exemple du financement des garderies au Québec qui s'est avéré «un avantage économique».

Un meilleur accès aux garderies dans les autres provinces constituera par ailleurs un engagement important du NPD dans sa prochaine campagne électorale.

Alors que le NPD est à la traîne dans les autres provinces - particulièrement en Ontario - , il est en tête dans les intentions de vote des francophones et premier dans la plupart des régions du Québec.

Malgré la montée des libéraux avec leur chef Justin Trudeau, Mulcair dit n'avoir jamais été dans une meilleure position en vue des prochaines élections.

Il nuance la popularité de Justin Trudeau dans les sondages. «Vous savez, premier ministre du Canada n'est pas un emploi pour les débutants. Il faut amener quelque chose dans le jeu.»

Thomas Mulcair assure que son équipe est prête à gouverner. Il cite la qualité du profil de Marie-Josée Lemieux, ancienne vice-présidente de l'Ordre des psychologues du Québec, qui sera candidate officielle du NPD dans la circonscription de la couronne nord, Marc-Aurèle Fortin.