Le controversé programme fédéral des travailleurs étrangers a été attaqué sans répit, mardi, alors que les députés débattent d'une motion du Nouveau Parti démocratique (NPD) qui souhaite un moratoire sur l'embauche dans les emplois peu spécialisés et une enquête du vérificateur général.

Selon le NPD, le programme qui permet aux employeurs d'ici d'engager des travailleurs étrangers temporaires a généré une multitude d'abus qui ont mené au congédiement de travailleurs canadiens.

Les néo-démocrates estiment que le programme, nécessaire mais très mal géré par les conservateurs, est aussi responsable de la baisse des salaires et de l'exploitation de travailleurs étrangers.

Le moratoire recherché par le NPD viserait les emplois dans les domaines de la restauration et des services.

Le gouvernement a cependant déjà imposé un moratoire, jusqu'à nouvel ordre, dans le secteur alimentaire, après quelques cas médiatisés où des Canadiens ont été congédiés puis remplacés par des étrangers. La chaîne de restauration rapide McDonald's a notamment été montrée du doigt.

Avec son moratoire, le gouvernement Harper se targue d'avoir agi avec célérité.

Mais alors que le NPD veut que le vérificateur général se mette le nez dans le dossier, le gouvernement réplique que celui-ci peut mener des enquêtes sur ce que bon lui semble. Mais il insiste sur le fait que des inspecteurs sur le terrain feraient un travail plus efficace pour mettre fin aux abus. Et que le NPD a voté contre une augmentation du nombre d'inspecteurs.

Inexact, réplique le NPD, qui affirme n'avoir voté contre cette mesure que parce qu'elle était enfouie dans l'un des projets de loi mammouth de mise en oeuvre du budget fédéral.

La bataille s'est ensuite déplacée mardi après-midi à la Chambre des communes lors de la période de questions.

Le chef du NPD, Thomas Mulcair, s'est est pris au premier ministre, l'accusant d'avoir été au courant depuis des années de plaintes au sujet du programme, mais de ne pas avoir agi.

Stephen Harper affirme avoir fait des modifications au programme depuis trois ans.

Il ajoute qu'il y a eu des cas où des employeurs ont préféré des travailleurs étrangers aux Canadiens, une décision qu'il a qualifiée d'«inacceptable».

«Notre position est très claire, a-t-il ajouté. On ne va jamais accepter une situation où on utilise un travailleur étranger temporaire quand un Canadien est disponible.»

Les échanges ont aussi mené à une guerre de chiffres entre les deux hommes. M. Harper prétend que le nombre de demandes pour des travailleurs étrangers a diminué de 30 pour cent l'année dernière, alors que M. Mulcair prétend que le nombre de ces travailleurs aurait augmenté de plusieurs centaines de milliers sous le règne conservateur.

«Ça partait d'une bonne intention, aider à obtenir une main-d'oeuvre spécialisée dans certains domaines, et c'est devenu une manière d'obtenir du 'cheap labour» au dépend de l'économie», a soutenu M. Mulcair devant les journalistes.

«Si le fait est qu'on ne peut pas trouver des Canadiens à 11 dollars de l'heure dans un McDo, la réponse ce n'est pas d'aller chercher quelqu'un dans un autre pays prêt à venir pour les 11 dollars. La réponse c'est de payer les 13 ou 14 dollars que ça vaut si on veut concurrencer dans un marché libre», a-t-il ajouté.

Le débat sur ce sujet chaud est loin d'être terminé. Quant au vote sur la motion, il doit avoir lieu mercredi.