Le décision de Justin Trudeau d'expulser du caucus les 32 sénateurs de son parti a surpris tout le monde sur la colline parlementaire, y compris les sénateurs concernés, mais le chef libéral s'est défendu d'avoir contredit sa promesse de ne pas agir en dictateur.

Plus tôt cette semaine, M. Trudeau a annoncé que cette décision était une première étape pour retirer toute partisanerie de la chambre haute.

Durant la course à la direction du Parti libéral du Canada, il s'était notamment engagé à favoriser l'unité au sein des troupes, particulièrement lorsque viendrait le temps d'élaborer les plateformes politiques, plutôt que de dicter les lignes du parti.

M. Trudeau s'est toutefois défendu de contredire ses promesses, invoquant le fait que le Canada avait vécu une année de débats et de discussions sur le Sénat.

Les Canadiens ont dit haut et fort qu'ils veulent du changement, a-t-il dit vendredi à des journalistes à Vancouver, où il assistait à une célébration du Nouvel An chinois.

Il a soutenu qu'un de ses désormais anciens sénateurs, Paul Massicotte, avait lui-même fait une suggestion semblable l'automne dernier.

Au moins un sénateur, Dennis Dawson, a laissé entendre que M. Trudeau aurait pu éviter la confusion qui a suivi cette annonce en consultant les sénateurs d'abord.

Processus indépendant de nomination des sénateurs

Cette décision s'inscrit dans le cadre des tentatives de M. Trudeau de se démarquer des conservateurs, qui se sont fait élire il y a près de dix ans en promettant de créer un Sénat élu, et des néo-démocrates, qui clament depuis longtemps qu'ils veulent abolir le Sénat.

Pour sa part, s'il devient premier ministre, M. Trudeau assure qu'il mettra en place, avec la collaboration d'experts, un processus indépendant de nomination des sénateurs.

L'expulsion a créé une certaine confusion, chez les sénateurs eux-mêmes et sur les impacts réels de ces changements. M. Trudeau n'a pas vraiment éclairci ces questions, vendredi.

Les sénateurs, a-t-il dit, ne seront plus des «militants politiques». Ils cesseront de participer aux campagnes politiques ou aux événements de financement pour le parti.

Mais des conseillers de M. Trudeau ont admis qu'il ne pouvait contrôler ce que les sénateurs font localement, dans une campagne provinciale ou au niveau d'une circonscription fédérale, par exemple. Les sénateurs pourront rester membres du parti.

En fait, le chef du PLC ne peut même pas empêcher les sénateurs de se dire libéraux. Les sénateurs ont eux-mêmes commencé à se nommer le «caucus libéral du Sénat».

«Ils sont indépendants, je n'ai aucune influence sur eux, a affirmé Justin Trudeau. Ils peuvent s'appeler comme ils le veulent.»

Le chef a laissé entendre que la situation s'éclaircirait d'elle-même à mesure que les sénateurs s'ajusteront à leur nouveau statut. Les détails des interactions entre le parti et les sénateurs (si, par exemple, l'un d'eux veut faire un don au parti) ne sont pas encore réglés.

Une réforme à long terme du Sénat et sa proposition de nommer les sénateurs de manière indépendante sont ses principaux objectifs, a-t-il répété.

«Je ne pense pas à ce qui sera présenté aux informations demain ou la semaine prochaine, je veux faire quelque chose de significatif pour changer une institution pour le mieux.»