Les députés devaient recommencer à siéger à la Chambre des communes hier, mais la prorogation du Parlement réclamée par le premier ministre Stephen Harper vendredi a reporté la reprise des travaux au 16 octobre, lorsque le gouverneur général lira le prochain discours du Trône. M. Harper souhaite ainsi donner un second souffle à son gouvernement en vue de la deuxième moitié de son mandat. Mais les partis de l'opposition ont dénoncé sa décision et ont trouvé des moyens inhabituels d'exprimer leur mécontentement.

Période de questions virtuelle

Le Nouveau Parti démocratique (NPD) a tenu une période de questions virtuelle, hier, en posant des questions au gouvernement sur Twitter entre 14h15 et 15h et il compte répéter l'exercice chaque jour de la semaine pendant un mois. Le chef néo-démocrate Thomas Mulcair a ouvert la marche avec une question sur le Sénat: «Le 5 juin, le premier ministre Harper a dit à la Chambre que personne d'autre que Nigel Wright dans son bureau n'était au courant des 90 000 dollars. Est-ce que le PM maintient cette position?», a-t-il demandé en anglais. D'autres députés du parti ont eux aussi posé des questions, sur la tragédie de Lac-Mégantic notamment. Le gouvernement n'a pas offert de réponse. Signe des temps: Twitter prend de plus en plus de place en politique fédérale. L'été dernier, le premier ministre Harper a dévoilé la composition de son nouveau Conseil des ministres sur le réseau social.

Caucus libéral demain

Le chef du Parti libéral du Canada (PLC), Justin Trudeau, avait promis que les sénateurs et les députés de sa formation retourneraient au Parlement comme prévu durant la semaine du 16 septembre. Le PLC tiendra en effet une réunion de son caucus demain, comme il le fait chaque semaine lorsque la Chambre siège à Ottawa. M. Trudeau tiendra quant à lui un point de presse au parlement aujourd'hui.

Les impacts d'une prorogation

Quels sont les impacts d'une prorogation? D'abord, la Chambre des communes et le Sénat ne siègent plus, donc il n'y a plus de périodes de questions, de votes ou d'adoption de lois. Les projets de loi du gouvernement meurent au feuilleton, mais ils peuvent être "ressuscités" par une motion débattue à la Chambre des communes. L'étude des projets de loi émanant de députés reprend au stade où elle se trouvait avant la prorogation. Ces projets sont donc peu touchés par la prorogation. L'un des impacts les plus importants concerne sans doute les comités, qui sont dissous. Les études en cours prennent fin. Dans un contexte de gouvernement majoritaire, il peut donc être plus difficile pour les partis de l'opposition d'y imposer leur ordre du jour.

Ils ont dit...

«Pour nous, c'est très grave, ce qui se passe aujourd'hui. On croit que les élus du peuple doivent avoir droit de cité selon un calendrier préétabli du Parlement pour faire le travail qu'on nous a commandé de faire. Stephen Harper est en train de nous dire qu'il veut tellement rien savoir du Parlement, tellement pas répondre à des questions claires de notre part qu'il utilise même la technique de bâillonner et de fermer la porte à double tour.»

- Thomas Mulcair, lors d'un point de presse devant les portes closes de la Chambre des communes, hier.

«Ouais... Je conduis.»

- Réponse du ministre de l'Industrie, James Moore, à une question de la députée néo-démocrate Chris Charlton sur Twitter.