Le ministre des Affaires étrangères, John Baird, joint sa voix à celle de ses homologues internationaux pour augmenter la pression sur les autorités syriennes afin qu'elles donnent à l'ONU l'accès «immédiat et entier» aux zones où une attaque aux armes chimiques aurait eu lieu la semaine dernière.

Des représentants du bureau du ministre ont rapporté que M. Baird s'était entretenu au téléphone dimanche avec le secrétaire d'État américain, John Kerry, et le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius. Vendredi, il avait également parlé avec le secrétaire des Affaires étrangères britanniques, William Hague.

Les ministres ont partagé «leur indignation» à propos des événements survenus au cours des derniers jours en Syrie, plus particulièrement par rapport à l'utilisation présumée d'armes chimiques.

Le premier ministre Stephen Harper a aussi passé quelques appels à ce sujet au cours du week-end, discutant du dossier syrien avec son homologue britannique, David Cameron, et le président français, François Hollande.

Selon le bureau de M. Baird, les trois ministres sont tombés d'accord sur le fait que le délai d'une journée imposé par le gouvernement de Bachar el-Assad avant d'autoriser les enquêteurs des Nations unies à se rendre sur le terrain et les bombardements qui se sont produits dans la zone concernée ont probablement déjà réduit de beaucoup les chances des experts d'établir l'identité des coupables.

Dans un communiqué publié dimanche, le bureau du ministre a affirmé que «les gestes que posera le régime relativement à ce dossier dans les heures et les jours qui viennent auront plus de poids que ses discours».

La télévision d'État syrienne a annoncé que le ministre des Affaires étrangères de la Syrie, Walid al-Moallem, et la responsable des affaires de désarmement de l'ONU, Angela Kane, avaient conclu une entente pour permettre à une équipe d'experts onusiens d'examiner l'endroit où l'attaque se serait déroulée, mais n'avaient pas encore déterminé la date et l'heure de la visite.

Les Nations unies ont précisé qu'un groupe de spécialistes internationaux se préparait à se rendre dès lundi dans la banlieue de Damas où l'assaut aurait eu lieu. Des militants opposés au régime syrien et Médecins sans frontières soutiennent que plus de 300 personnes sont mortes dans l'attaque au gaz toxique. Le gouvernement Assad assure pour sa part que la responsabilité revient aux forces rebelles.

Par ailleurs, le chef du principal groupe d'opposition de la Syrie a exhorté Ottawa à faire davantage d'efforts pour mettre un terme à la guerre civile qui déchire son pays natal. De passage au Canada, George Sabra, le président du Conseil national syrien, doit rencontrer John Baird mercredi à Montréal.

MM. Sabra et Baird semblent toutefois en désaccord sur la façon de résoudre le conflit.

Contrairement au ministre canadien des Affaires étrangères, qui croit que la pression politique demeure le meilleur moyen de régler la crise, George Sabra a perdu espoir en l'efficacité cette approche. «Nous avons un million d'enfants dans des camps de réfugiés. Dans ce contexte, qui peut parler de solution politique?» a-t-il demandé samedi, avant une conférence à Montréal.

M. Sabra a exprimé son désir de voir le président américain, Barack Obama, passer à l'action, mais a aussi affirmé que le Canada devait s'impliquer davantage.