Des restrictions budgétaires et des dépenses moindres que prévu à la Défense nationale ont entraîné la «mise sous respirateur» de certaines capacités militaires héritées de la guerre en Afghanistan, affirme le commandant sortant de l'armée canadienne.

Le gouvernement fédéral a besoin de reconnaître que les agents des services de renseignement sont tout autant des acteurs de première ligne que les soldats et les chars, soutient le lieutenant-général Peter Devlin, dont le mandat de trois ans à la tête de l'Armée canadienne prendra fin jeudi.

L'homme, fort d'une carrière de 35 ans dans l'armée, s'est employé à remettre en contexte les compressions imposées à la Défense par un gouvernement ayant bâti une bonne partie de sa réputation sur son attention donnée à l'appareil militaire.

Devant un comité du Sénat, en décembre dernier, M. Devlin a révélé que le budget de l'armée avait été réduit de 22 pour cent, et qu'il ne restait plus beaucoup de gras à couper dans l'organisation - un point de vue qui a irrité certains cercles politiques.

La lutte a été ardue pour maintenir non seulement la formation, mais des éléments décrits par M. Devlin comme les «compétences plus subtiles» essentielles aux guerres modernes, comme le renseignement, la surveillance et la protection contre les engins explosifs artisanaux.

Chacune de ces caractéristiques a servi dans la guerre contre les talibans, mais l'armée a plutôt dégarni les rangs de l'infanterie, des divisions blindées et des détachements d'artillerie afin de maintenir ses capacités de renseignement.

Une série de réunions d'informations à l'interne, dont La Presse Canadienne a obtenu copie du contenu au cours de la dernière année, fait écho aux inquiétudes de M. Devlin, y compris un mémorandum mettant en garde contre une possible «dégradation», particulièrement dans le renseignement.

Le lieutenant-général s'est exprimé sur la question des capacités militaires quelques jours après que le bureau du directeur parlementaire du budget eut révélé que la Défense avait retenu 2,3 milliards $ de crédits disponibles l'an dernier, portant le total de fonds inutilisés à 9,6 milliards $ depuis 2006.