Une révision à la hausse de la «facture nucléaire» du Canada - de 2,4 milliards $ - augmentera de manière substantielle le déficit de l'année financière en cours - déficit que le ministre des Finances, Jim Flaherty, tente désespérément de réduire.

Les analystes estiment néanmoins que la marge de manoeuvre du gouvernement cette année devrait lui permettre d'absorber ces coûts supplémentaires sans que le ministre ait à modifier radicalement son plan de réduction du déficit à long terme.

La société Énergie atomique du Canada limitée (EACL) a annoncé discrètement mardi soir que le coût anticipé pour le nettoyage et la décontamination des sites nucléaires a grimpé à 6 milliards $, une augmentation de 67 pour cent par rapport aux 3,6 milliards $ prévus jusqu'à maintenant.

Elle a également fait savoir que l'ajustement à la hausse sera reflété directement dans le déficit du gouvernement pour 2012-2013.

«La raison principale de l'ajustement à la hausse de la provision est une augmentation des coûts indirects attribués au déclassement et à la gestion des déchets au cours du programme, qui durera au plus 70 ans», explique EACL par voie de communiqué.

On ignore encore si ces nouvelles dépenses apparaîtront dans le budget déposé ce jeudi par le ministre Flaherty, qui a prévu un déficit de 26 milliards $ pour l'année financière en cours.

Peter DeVries, un ancien haut fonctionnaire du ministère des Finances devenu consultant, considère quant à lui que cette aggravation soudaine des dépenses d'EACL annoncée mercredi est loin d'être un hasard.

«Ils veulent que cette donnée figure dans l'année financière 2012-2013, parce que cette année-là est presque terminée, explique-t-il. C'est une année qui n'est pas importante dans l'atteinte de leur plan de réduction budgétaire pour 2015-2016.»

Des frais ignorés

Pendant plusieurs années, le gouvernement fédéral a préféré ne pas prendre en compte les coûts du nettoyage des sites nucléaires - des coûts pourtant inévitables.

En 2005, toutefois, les autorités ont entamé un processus visant à fixer un prix au déclassement, à la gestion et au stockage sécuritaire des déchets nucléaires d'EACL. Cet exercice s'est traduit par une augmentation de 3,6 milliards $ du passif de la société de la Couronne, qui figurait dans le budget fédéral de l'an dernier.

Depuis, les coûts prévus ont augmenté partout dans le monde en raison de l'établissement de normes de sécurité plus strictes, d'une meilleure compréhension du processus de déclassement des zones de déchets, et des taux d'intérêt très bas, selon ce qu'a expliqué par voie de communiqué le ministre des Ressources naturelles, Joe Oliver.