Des «objectifs de rendement» plutôt que des «quotas»: la nuance est de la ministre des Ressources humaines, Diane Finley, qui a dû justifier lundi les cibles imposées aux fonctionnaires qui doivent débusquer les fraudes du programme d'assurance-emploi.

Par le passé, la ministre avait catégoriquement nié l'existence d'un montant précis exigé de chaque fonctionnaire affecté aux enquêtes.

Mais le quotidien Le Devoir a révélé lundi qu'il existe bel et bien une cible annuelle de 485 000 $ de prestations d'assurance-emploi à récupérer pour chaque fonctionnaire.

Le formulaire utilisé pour évaluer la performance des fonctionnaires affectés à l'intégrité de Service Canada fait état de cet objectif en économies annuelles, qui consiste en des prestations récupérées ou non versées.

En Chambre, pressée de questions par les partis d'opposition, Mme Finley a dû admette l'existence de ces cibles.

«Service Canada indique qu'il n'impose pas de quotas qui entraîneraient des conséquences négatives pour les employés qui ne parviendraient pas à les atteindre. Il existe plutôt des objectifs de rendement qui aident à protéger les prestations destinées aux personnes sans emploi contre la fraude», a soutenu la ministre.

Elle a insisté sur le fait que quotas et objectifs ne signifiaient pas la même chose.

«Il y a une grosse différence entre les deux lorsque vient le temps de motiver et de gérer le personnel», a-t-elle affirmé.

Mais pour le chef néo-démocrate Thomas Mulcair, Mme Finley a tout simplement induit le Parlement en erreur en assurant que les quotas pour les fonctionnaires n'existent pas.

«Quand elle est prise en flagrant délit elle dit: »ah, j'ai dit qu'il n'y avait pas de quotas, mais je n'ai jamais dit qu'il n'y avait pas de cibles«. Comme s'il y avait une différence!», a-t-il ironisé.

«C'est l'art d'être conservateur. Tu dis le contraire de la vérité jusqu'à temps que tu fasses »pogner«, puis après, tu dis un demi-mensonge pour essayer de t'extraire.»

Selon lui, les conservateurs traitent les chômeurs comme des criminels en «présumant» qu'ils sont fraudeurs.

La réforme de l'assurance-emploi a suscité beaucoup de grogne, spécialement dans les provinces de l'Atlantique et au Québec, où le travail saisonnier est concentré. Avec les changements apportés au programme, un chômeur fréquent doit accepter un emploi dans un rayon d'une heure de trajet de chez-lui, pour un salaire représentant 70 pour cent de son ancien salaire.

Plusieurs ont également mal digéré les visites surprises chez 1200 bénéficiaires auxquelles doivent se livrer les fonctionnaires d'ici la fin mars afin de vérifier «l'intégrité» du programme.