Le premier ministre Stephen Harper a donné suite à une promesse électorale en annonçant officiellement la création du « Bureau de la liberté de religion », mardi, dans une mosquée de la banlieue de Toronto.

La nouvelle instance, qui emploie cinq personnes et dispose d'un budget de 5 millions de dollars, fait partie du ministère des Affaires étrangères. Déjà fonctionnelle, elle doit servir à orienter la politique étrangère canadienne.

Elle « assurera la promotion de la liberté de croyance et de religion en tant qu'élément prioritaire de la politique étrangère du Canada », peut-on lire dans un communiqué de presse diffusé aujourd'hui.

Le bureau sera dirigé par un « ambassadeur », Andrew Bennett, que le gouvernement a présenté mardi comme un leader communautaire et religieux ainsi qu'un fonctionnaire et un universitaire.

M. Bennet agit notamment à titre de sous-diacre et chantre de la Holy Cross Eastern Catholic Chaplaincy et du St. John the Baptist Ukrainian-Catholic Shrine d'Ottawa.

Titulaire d'une maîtrise en histoire de l'Université McGill et d'un doctorat en sciences politiques de l'Université d'Édimbourg, il a travaillé au Bureau du Conseil privé et au Collège Augustine, une institution à vocation chrétienne d'Ottawa, comme professeur et doyen.

En plus de veiller au bon fonctionnement de la nouvelle entité, M. Bennett prononcera des allocutions au Canada et dans le reste du monde pour mener une campagne de sensibilisation à grande échelle sur l'importance de la liberté de religion.

« Outil important »

Ottawa a éprouvé certaines difficultés à trouver cet ambassadeur: au moins deux candidats se sont désistés pour des raisons personnelles.

Un bureau similaire existe aux États-Unis. La Commission américaine sur la liberté de religion internationale a été créée en 1998 par l'administration Clinton. Elle a depuis essuyé plusieurs critiques parce qu'on estime qu'elle se concentre trop ses efforts à la défense des chrétiens dans le monde.

Plusieurs ont déjà émis des craintes semblables au sujet du bureau canadien.

Le gouvernement Harper a expliqué ainsi la vocation de la nouvelle entité : « Voué à la promotion de la liberté de croyance et de religion dans le monde (...), le Bureau sera axé sur la défense des droits, l'analyse de politiques et l'établissement de programmes afin de protéger les minorités religieuses menacées et de faire valoir leurs droits ».

« Le Bureau sera un outil important grâce auquel le Canada pourra assurer la promotion de valeurs canadiennes fondamentales comme la liberté, la démocratie, les droits de la personne et la primauté du droit partout dans le monde. »

« Objectif-clé » de la politique canadienne

La mosquée de la communauté musulmane Ahmadiyya n'a pas été choisie au hasard pour faire l'annonce de mardi, a expliqué le premier ministre Harper dans son discours. « Cette communauté (...) a connu la cruauté terrible de la persécution fondée sur la religion », a-t-il dit d'entrée de jeu.

Énumérant de nombreux autres exemples de persécutions religieuses dans le monde, notamment en Chine, il a réaffirmé l'importance de la création de ce nouveau bureau : « La liberté de culte selon notre conscience est à la source de nos personnalités et donc à la source de toutes nos libertés », a-t-il lancé.

Quant au nouveau commissaire, M. Harper expliqué son mandat ainsi : « M. Bennett surveillera la liberté de religion à travers le monde. Il en fera la promotion comme un objectif-clé de la politique des affaires étrangères canadiennes. Et M. Bennett aidera à assurer que la protection de la liberté de religion informe toutes les politiques et les programmes du gouvernement du Canada.»

La manière exacte dont ce bureau exercera son influence dans la bureaucratie canadienne ailleurs dans le monde reste à déterminer. Plusieurs ont déjà soulevé des préoccupations quant aux risques posés par la priorisation de la liberté de religion par rapport à d'autres droits et libertés - dont ceux des femmes et des homosexuels, par exemple.