La sécurité du premier ministre Stephen Harper n'a jamais été compromise malgré des déchirements au sein de l'équipe de policiers chargée de le protéger, a assuré la Gendarmerie Royale du Canada, mardi. Et des proches du premier ministre se sont étonnés que le chef de cette escouade, Bruno Saccomani, se retrouve au coeur d'un rapport accablant.

L'évaluation interne, révélée par Radio-Canada lundi, révèle que certains agents chargés de veiller à la sécurité du premier ministre se disent victimes de «harcèlement», de «discrimination» et d'«intimidation». Ils montrent du doigt l'officier qui dirige cette escouade d'élite, le surintendant Bruno Saccomani.

Le document précise que certains agents deviennent si anxieux en sa présence qu'ils peinent à se concentrer, une situation qui pourrait compromettre la sécurité du premier ministre et de sa famille.

L'affaire a eu des échos à la Chambre des communes, hier, lorsque le Nouveau Parti démocratique a exigé des explications au gouvernement.

«Laisser un tel dérapage se produire sous leurs nez représente un échec total pour les conservateurs», a affirmé la députée Rosane Doré Lefebvre.

«Nous nous attendons à ce que tous les membres de la GRC se conduisent de manière professionnelle et appropriée, a répondu le ministre de la Sécurité publique, Vic Toews. J'ajouterais que le premier ministre est reconnaissant envers les agents de protection pour leurs services remarquables et hautement professionnels.»

«En aucun temps, la sécurité du premier ministre n'a été compromise», a assuré James Malizia, commissaire adjoint à la police de protection à la GRC.

À la suite de cette évaluation interne, explique-t-il, l'officier a été suivi par un entraîneur afin de perfectionner le volet interpersonnel de son travail. La GRC a envoyé un sondage aux membres de l'escouade, la semaine dernière, pour leur demander s'ils sont satisfaits des progrès réalisés jusqu'ici. La force policière attend les résultats.

Étonnement

Les révélations sur l'escouade ont été accueillies avec étonnement chez des proches du premier ministre. L'ancien directeur des communications de M. Harper, Dimitri Soudas, était en poste lorsque M. Saccomani a été embauché. Il estime que l'officier a accompli un travail colossal pour resserrer la sécurité autour du premier ministre.

«Quand je suis arrivé en 2006, l'escouade était plus ou moins un endroit de pré-retraite pour la GRC, relate-t-il. C'était vraiment faible et tu étais inquiet de travailler pour le premier ministre et de voir les gens qui étaient responsables de sa sécurité.»

Il se rappelle d'un épisode au Stampede de Calgary, où deux dames âgées se sont faufilées au milieu d'un cortège entourant la limousine du premier ministre.

«Depuis l'arrivée de Bruno Saccomani, dit M. Soudas, l'horaire est réglé au quart de tour, il y a du professionnalisme, c'est une équipe qui est beaucoup plus forte. Les agents de la GRC sont rendus là pour servir.»