Un an après sa cuisante défaite, le Parti libéral du Canada peine à faire le plein de membres au Québec. À peine 7000 personnes détiennent une carte rouge, selon des données obtenues par La Presse.

C'est deux fois moins que le NPD et sept fois moins que le Bloc québécois. Ces informations confirment la baisse constante de popularité du PLC dans la province: de 100 000 membres en 2004, le niveau d'adhésion est passé à 25 000 en 2006, dans la foulée de la première défaite électorale du parti en près de 15 ans.

Le portrait n'est pas non plus flatteur dans les circonscriptions. Dans Papineau et Bourassa, par exemple, toutes deux représentées par de possibles candidats à la direction du PLC (Justin Trudeau et Denis Coderre), le nombre de membres n'est que de 215 et de 177.

La nouvelle présidente de l'aile québécoise du Parti libéral du Canada, Alexandra Mendès, ne s'en cache pas: la dernière année a été particulièrement difficile pour sa formation et c'est «tout un défi» qui l'attend maintenant.

«On s'entend qu'après les élections de 2011, le nombre de bénévoles et de personnes que nous avions dans nos régions est devenu pas mal moins grand, a-t-elle indiqué. Donc, il est certain que lorsqu'on est arrivés à la fin de novembre ou en décembre, et qu'on devait appeler tout le monde pour leur rappeler de renouveler, on n'avait pas assez de personnes pour nous aider à le faire.

«C'est un travail qui se fait depuis, a ajouté l'ancienne députée de Brossard-La Prairie. On le fait région par région... Mais en nombre beaucoup plus réduit.»

Il y a quelques années, le Parti libéral a décidé que les cartes de membres arriveraient toutes à échéance en même temps, au mois de décembre. Selon Denis Coderre, c'est là un élément important à considérer. «Je suis en renouvellement, a-t-il insisté. Il y en a 411 qui sont venus à échéance.»

M. Coderre ne s'occupe plus désormais que de sa circonscription, après que son passage dans le poste de lieutenant du Québec de Michael Ignatieff eut tourné au vinaigre en 2009. À l'époque, le nombre de membres frôlait les 30 000.

Selon lui, la course à la direction, qui devrait culminer avec l'élection d'un nouveau chef en avril 2013, devrait amener de nouvelles adhésions.

De plus en plus difficile

D'autres changements aux règles du PLC pourraient toutefois compliquer la tâche encore davantage des organisateurs.

Depuis le 2 mai, un Canadien qui n'est pas membre du parti peut devenir «sympathisant libéral». Cette nouvelle catégorie, inspirée de ce qui se fait en France et aux États-Unis, permet à ceux qui y adhèrent de voter pour le prochain chef, sans avoir à débourser un cent.

Sarah Bain, une porte-parole du parti, affirme que jusqu'ici, cette initiative connaît du succès, et que 10 000 personnes se sont déjà inscrites en moins de deux mois. On ignore quels sont les chiffres exacts pour le Québec.

Mais «ça ne rend pas notre travail nécessairement plus facile», a néanmoins tranché Alexandra Mendès. Denis Coderre abonde dans le même sens: tous deux craignent que plusieurs militants optent pour le statut de sympathisant, gratuit, plutôt que de payer 10$ pour acheter une carte de membre.

«Donc oui, actuellement, nous avons le problème des amours avec les Québécois, convient Mme Mendès. Mais nous avons aussi le fait que nous avons offert une catégorie supplémentaire de participation que nous sommes le seul parti à offrir.»

D'autres formations fédérales se targuent d'avoir convaincu un plus grand nombre de militants que l'ancien «parti du gouvernement» de devenir membres: le NPD parle de 15 000 et le Bloc québécois affirme en avoir 50 995.

Quant au Parti conservateur, il n'a pas voulu dévoiler ses chiffres. Stephen Harper n'a fait élire que cinq candidats dans la province aux dernières élections. Ses troupes souhaitent maintenant y être plus présentes. La semaine prochaine, une dizaine de ministres doivent converger vers la circonscription de Jacques Gourde, Lotbinière-Chutes-de-la-Chaudière, pour souligner la Fête nationale des Québécois.