Jean Charest a mis le gouvernement Harper en garde contre une décision «unilatérale» dans le dossier des pensions, jeudi, au moment où des ministres conservateurs assuraient que les réformes seraient implantées «graduellement».

Le gouvernement Harper a une fois de plus laissé planer le doute sur ses intentions dans cet épineux dossier, refusant de préciser quelles mesures il compte annoncer.

Il s'est toutefois fait donner un avertissement par le premier ministre Jean Charest, qui était de passage à Ottawa pour faire la promotion du Plan Nord.

«Ça ne peut pas être unilatéral, a-t-il affirmé. La démocratie, ce n'est pas dire "j'ai gagné, tu as perdu, je fais ce que je veux". Surtout quand ça touche notre vie de tous les jours et le budget des provinces.»

Selon des reportages, le gouvernement Harper pourrait hausser de 65 à 67 ans le seuil d'admissibilité aux pensions de Sécurité de la vieillesse (PSV), une information que n'ont jamais démentie les conservateurs.

Une telle réforme coûterait des «dizaines de millions» au gouvernement du Québec, car son programme d'aide sociale devrait prendre en charge ceux qui cesseraient d'être couverts par le régime fédéral.



Changements graduels

Lors d'un débat à la Chambre des communes, jeudi, la ministre des Ressources humaines, Diane Finley, s'est montrée rassurante.

«Tout changement aux PSV sera implanté graduellement et avec un préavis substantiel», a-t-elle déclaré.

Le ministre des Finances, Jim Flaherty, a pour sa part confirmé d'Israël, lors d'une conférence téléphonique, que le budget qu'il présentera dans quelques semaines ne contiendra aucune mesure affectant les pensions.

Mais des changements sont nécessaires, a-t-il ajouté, car le vieillissement de la population provoquera une explosion du coût des programmes fédéraux de pensions dans les prochaines années.

Le programme des PSV coûtait 36 milliards en 2010. Le gouvernement prévoit que la facture passera à 108 milliards d'ici 2030.

«Il est clair que nous devons agir pour assurer la viabilité à long terme de nos programmes de revenus de retraite en raison des changements démographiques, a-t-il indiqué. Aucune mesure n'affecterait les prestataires actuels ou ceux qui seraient sur le point de le devenir.»

Le Nouveau Parti démocratique a déposé une motion aux Communes dans l'espoir de faire reculer le gouvernement Harper. La députée Lysane Blanchette-Lamothe, 27 ans, a mené la charge en affirmant que les jeunes travailleurs risquent de faire les frais d'une réforme des PSV.

Les propos de la ministre Finley n'ont rien fait pour la rassurer. «Ça donne lieu de s'inquiéter, justement, a-t-elle dénoncé. Ce n'est pas parce qu'on dit "on va vous enlever graduellement ce que vous avez" que je ne m'inquiéterai pas, au contraire.»

Les députés conservateurs sont divisés sur la question, selon un reportage de CTV. La chaîne rapporte que plusieurs membres du caucus de M. Harper ont exprimé leur mécontentement relativement à ce projet, mercredi, lors de leur réunion hebdomadaire.