Le gouvernement canadien est préoccupé que l'ancien dictateur Jean-Claude Duvalier soit toujours en liberté, un an après son retour en Haïti.

De passage à Port-au-Prince, où il dirige une délégation de parlementaires canadiens, le ministre des Affaires étrangères, John Baird, a souligné que M. Duvalier fait face à des allégations «très, très sérieuses».

«Bien sûr que ça nous préoccupe qu'il soit en Haïti et encore en liberté, a-t-il affirmé au cours d'une téléconférence. J'espère que le système haïtien va prendre connaissance de cela et que la population connaîtra la justice.»

Ces commentaires surviennent alors qu'Amnistie internationale s'insurge contre l'inertie du système de justice haïtien, qui n'a porté aucune accusation contre Bébé Doc. L'ancien homme fort d'Haïti, qui a dirigé le pays de 1971 à 1986, fait l'objet d'une enquête pour une kyrielle de violations des droits de la personne, notamment des actes de torture, des disparitions et des exécutions sommaires.

Manque de sérieux

L'ancien chef d'État a vécu en exil en France pendant 25 ans avant de rentrer en Haïti l'an dernier.

Depuis, souligne Amnistie internationale, «les autorités n'ont fait aucun effort sérieux pour enquêter sur les événements passés qui ont affligé une génération d'Haïtiens avec de la torture, des disparitions, des exécutions extrajudiciaires, des arrestations arbitraires et d'autres violations sérieuses des droits de la personne».

Et l'enquête lancée par les autorités haïtiennes a été minée par les changements de personnel à répétition dans les officines du gouvernement.

Le ministre Baird, qui a récemment exprimé son insatisfaction sur la lenteur de la reconstruction en Haïti, a par ailleurs réitéré son soutien au président Michel Martelly. Même si l'ancien chanteur est de plus en plus contesté dans son pays, le ministre estime qu'il reste l'homme de la situation.

«On voit du progrès, a-t-il affirmé. Ce n'est pas aussi vite qu'ils le veulent, ou que nous le voulons, mais ils vont dans la bonne direction et on va continuer de travailler avec eux.»