Mis dans l'embarras par les graves conditions de vie qui prévalent dans la communauté d'Attawapiskat, en Ontario, où la Croix-Rouge a été appelée en renfort, le gouvernement Harper a décidé d'imposer une forme de  tutelle à la réserve autochtone.

Le premier ministre Stephen Harper juge inacceptable que les quelque 2000 habitants de cette communauté située à quelque 500 kilomètres de Timmins vivent dans des conditions carrément insalubres malgré des investissements d'Ottawa frisant les 90 millions de dollars qui ont été faits depuis 2006.

Aux Communes, cet après-midi, le ministre des Affaires indiennes, John Duncan, a annoncé que l'argent transféré par le gouvernement fédéral à cette communauté sera géré par une tierce partie. Il a aussi annoncé qu'une vérification comptable serait menée afin de déterminer si les sommes octroyées par Ottawa ont été bien dépensées.

Placer la réserve sous la gestion d'un tiers parti est la forme d'intervention la plus élevée à la disposition du gouvernement fédéral s'il juge que la santé ou la sécurité de ses membres est compromise.

La grave crise du logement qui secoue cette communauté autochtone soulève l'indignation des partis de l'opposition depuis plusieurs jours. La chef intérimaire du NPD, Nycole Turmel, s'est même rendue dans cette communauté mardi en compagnie du député du NPD de cette circonscription, Charlie Angus.

Mme Turmel indiqué que les conditions de vie des habitants de cette communauté sont totalement inacceptables et sont comparables à celle d'un pays du Tiers Monde.

La Croix-Rouge est actuellement sur les lieux pour venir en aide aux familles qui doivent s'entasser dans des tentes et des roulottes sans eau courante, sans électricité et sans chauffage en raison d'une grave crise de logement.

Aux Communes, elle a pressé le premier ministre Stephen Harper de faire preuve de leadership en se rendant lui aussi dans cette communauté pour constater l'état de la situation.

«J'étais à Attawapiskat et je vais faire rapport au premier ministre de la situation là-bas. C'est terrible, c'est inimaginable, c'est pire que tout ce que l'on peut penser. Des gens qui vivent dans des shacks, dans des tentes. Il n'y a pas d'eau, pas de chauffage. Le peu de chauffage qu'ils ont est un vrai «nid-à-feu» , Ils dorment sur des matelas moisis, ils ont des enfants qui vivent à l'extérieur de l'endroit. Qu'est-ce que le premier ministre va faire? Va-t-il assumer son leadership et aller, là-bas, visiter ces gens?», a dit Mme Turmel.

M. Harper s'est de nouveau défendu d'avoir abandonné les membres de cette communauté à leur sort. Il a aussi répété qu'il était inacceptable pour le gouvernement de constater de tels résultats alors que 90 millions de dollars -soit environ l'équivalent de 50 000 dollars par habitant- ont été investis dans la communauté.

«Ce n'est pas acceptable, quand le gouvernement investit plus de 90 millions de dollars, de voir de tel résultat. C'est la raison pour laquelle nous agissons immédiatement pour aider des gens qui ont un besoin immédiat. De plus, le gouvernement va prendre des mesures pour améliorer la gestion dans la communauté à long terme», a rétorqué le premier ministre.

Mais selon les calculs du Nouveau Parti démocratique, les chiffres de 90 millions répétés par les conservateurs sont trompeurs. Les néo-démocrates affirment que 80% de cet argent a été dépensé en services d'éducation et en services sociaux.

Pour ce qui est du logement, le député Charlie Angus soutient que le village n'aurait reçu que 500 000 $ par année, à peine de quoi construire deux maisons.

M. Harper doit d'ailleurs rencontrer le chef de Premières nations, Shawn Atleo, jeudi, à son bureau de la colline parlementaire afin de faire le point sur la situation des peuples autochtones au pays.

Le chef du Parti libéral, Bob Rae, a accusé le gouvernement conservateur de se défiler de ses responsabilités. Il a affirmé que ce n'est pas la communauté d'Attawapiskat qui devrait être mise sous tutelle, mais le gouvernement Harper pour avoir négligé d'investir adéquatement pour lutter contre la pauvreté qui afflige les peuples autochtones encore aujourd'hui.

-Avec la Presse canadienne