L'arrivée hautement probable de Daniel Paillé dans la course à la direction du Bloc québécois n'ébranlera pas le député Jean-François Fortin dans sa décision de rester lui aussi sur la ligne de départ.

MM. Paillé et Fortin devaient se rencontrer en fin d'après-midi à Gatineau mercredi pour discuter de la course au leadership de leur parti, orphelin depuis le départ de Gilles Duceppe.

Mais même si M. Paillé suppliait le député de Haute-Gaspésie-La-Mitis-Matane-Matapédia de retirer sa candidature pour lui laisser toute la place, rien ne pourrait le faire changer d'idée, assure le principal intéressé.

À la sortie de la période des questions aux Communes, Jean-François Fortin s'est dit «aucunement» déstabilisé par l'arrivée imminente de l'ancien ministre péquiste dans la course.

«Ce sont les membres qui vont décider si je vais faire le poids contre lui. Regardez, je vais mener la meilleure des campagnes», a-t-il assuré, ajoutant qu'il estimait toujours être la meilleure personne pour exercer le rôle de chef.

Il a d'ailleurs souligné que personne au sein du parti ne lui avait demandé de retirer sa candidature au profit de celle de M. Paillé.

Cependant, certains aimeraient bien voir les deux camps se rallier. Et d'autres, comme l'ancienne députée Carole Lavallée, croient que M. Fortin doit se demander sérieusement s'il a les capacités nécessaires pour remettre le Bloc sur pied.

«Je lui demande de faire un examen de conscience, de ses forces. Est-il capable, dans les circonstances actuelles, d'amener ses supporters à la victoire?», a-t-elle demandé en entrevue téléphonique.

Selon cette membre fondatrice du Bloc, M. Fortin n'est pas «conscient» des défis qui attendent le futur chef en raison de son inexpérience politique.

Âgé de 38 ans, ce professeur de sciences politiques au collège de Rimouski, père de trois enfants, a été élu pour la toute première fois le 2 mai. Il fait partie des quatre «survivants» du Bloc qui n'ont pas été engloutis par la fameuse vague orange aux dernières élections générales.

À l'inverse, Daniel Paillé, un économiste de 61 ans, ancien ministre péquiste sous Jacques Parizeau, était perçu par plusieurs comme le dauphin naturel de Gilles Duceppe.

Il avait d'abord annoncé qu'il ne serait pas de la course, notamment en raison de son âge. Selon plusieurs sources, c'est lui-même qui aurait poussé le jeune député à se porter candidat et lui aurait trouvé son directeur de campagne, Martin Beaudry. Ce dernier s'est vu retirer ses fonctions abruptement pour des raisons qui demeurent nébuleuses.

C'est lors du conseil général du parti à Drummondville, il y a un peu moins de deux semaines, que de nombreux militants auraient demandé à M. Paillé de revenir sur sa décision. L'atmosphère positive qui régnait alors entre les membres aurait ébranlé M. Paillé dans sa conviction de rester à l'écart de la course.

Pour l'instant, deux candidats sont officiellement déclarés. Outre M. Fortin, la sociologue Maria Mourani, députée d'Ahuntsic, a aussi annoncé son intérêt à succéder à M. Duceppe.

Les candidats ont jusqu'au 28 octobre pour rassembler un minimum de 1000 signatures provenant de membres issus d'au moins 25 circonscriptions, pour entrer officiellement dans la course. Les résultats du vote seront dévoilés le 11 décembre.