Bien qu'ils prêchent la frugalité depuis leur victoire aux dernières élections, les conservateurs de Stephen Harper aiment bien recourir aux services de firmes de consultants.

Les frais de consultants à Ottawa sont passés de 900 millions de dollars sous les libéraux, en 2005-2006, à 1,797 milliard de dollars sous les conservateurs en 2010-2011, rien qu'au ministère des Travaux publics, a appris La Presse.

La valeur totale des contrats accordés à des firmes de consultants s'est maintenue à environ 1 milliard de dollars par année durant les deux premières années du gouvernement Harper (de 2006 à 2008), mais elle a commencé à augmenter de manière marquée à partir de l'exercice financier 2008-2009 (1,3 milliard de dollars).

Elle a connu un autre bond de 300 millions (à 1,664 milliard de dollars) durant l'exercice financier 2009-2010, première année du plan de relance économique du gouvernement Harper. Les conservateurs, qui étaient minoritaires aux Communes à l'époque, ont profité de ce plan de relance pour inonder le pays d'annonces publicitaires que l'opposition jugeait partisanes.

Un porte-parole du ministère des Travaux publics, Sébastien Bois, a été incapable d'expliquer pourquoi les honoraires de consultants ont bondi de la sorte. La Presse lui a soumis une série de questions jeudi dernier, mais M. Bois était toujours à court d'explications, hier.

90 000 $ par jour

La question des contrats accordés à des firmes de consultants fait les manchettes depuis que La Presse Canadienne a révélé, lundi, que le gouvernement Harper avait confié un contrat de 19,8 millions de dollars à la firme Deloitte pour obtenir ses conseils sur les compressions à faire pour éliminer le déficit.

Le contrat en question a été accordé le 15 août et prendra fin le 31 mars. Sa valeur équivaut à des honoraires de 90 000 $ par jour.

Aux Communes, hier, le ministre des Finances, Jim Flaherty, a été contraint de défendre cette décision pour la deuxième journée de suite. Après avoir dit qu'il était souhaitable de faire appel à l'expertise du secteur privé pour mener à bien un tel exercice, il a soutenu hier que, pour chaque dollar payé à la firme Deloitte, le gouvernement pourra réaliser des économies de 200 $.

Le gouvernement compte réduire les dépenses de fonctionnement de l'État de 4 milliards de dollars par année afin de venir à bout du déficit dans trois ans.

Le premier ministre Harper avait déjà demandé en juin à tous les ministères de produire deux plans de réduction des dépenses en prévision du prochain budget. Le premier plan doit permettre des compressions de 5% et le deuxième doit engendrer des économies de 10%.

Le critique libéral en matière de finances, Scott Brison, a qualifié de «foutaises» les propos du ministre Flaherty. Il a souligné que les libéraux de Paul Martin avaient réussi à dégager des économies de 11 milliards de dollars sans recourir à des comptables du secteur privé: «Il gaspille 90 000 $ par jour pour que des consultants puissent lui dire où réduire les dépenses du gouvernement! C'est la responsabilité des membres du cabinet d'examiner toutes les dépenses et de trouver les occasions de les réduire.»

- Avec William Leclerc