Le prix à payer pour que le dirigeant du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jack Layton, soutienne le prochain budget fédéral pourrait avoir grimpé, alors que quatre hauts responsables conservateurs sont soupçonnés d'avoir enfreint les règles relatives au financement électoral.

M. Layton, le seul dirigeant de l'opposition que le premier ministre Stephen Harper puisse espérer avoir de son côté à l'occasion de l'annonce du budget, le mois prochain, n'a pas mâché ses mots, lorsque invité à commenter la situation.

«(Les responsables conservateurs) pourraient bien avoir enfreint les lois électorales et provoqué des résultats injustes (...) Vous avez un gouvernement dans lequel on ne peut avoir confiance quant à notre précieuse démocratie, voilà à quoi ça se résume», a-t-il affirmé à La Presse Canadienne.

Les responsables conservateurs, incluant deux sénateurs, sont accusés d'avoir volontairement fait des dépenses électorales excessives lors de la campagne de 2006, à l'issue de laquelle M. Harper a pris le pouvoir.

«Vous pouvez être certains que c'est une question qui va revenir sur le tapis», a dit M. Layton.

La situation était déjà chaude au parlement, la ministre Bev Oda étant soupçonnée d'avoir menti aux parlementaires quant à sa décision de ne pas financer le groupe d'aide humanitaire Kairos.

La bouilloire pourrait sauter lundi, alors que les activités reprendront au parlement, après qu'eut éclaté le scandale relatif aux dépenses électorales.

M. Layton a assuré qu'il évaluerait le budget en tant que tel, mais il a laissé entendre qu'il tiendrait également compte des autres questions relatives au gouvernement conservateur.

«Ça commence à faire beaucoup avec toutes les fautes commises par ce gouvernement, a indiqué M. Layton. Voilà pourquoi je dis depuis le début que le budget devra impliquer de sérieux changements de direction de la part du gouvernement Harper.»

M. Layton souhaite que le prochain budget comprenne des améliorations au Régime de pensions du Canada et au Supplément de revenu garanti, des mesures afin d'accroître le nombre de médecins au pays, l'élimination de la taxe de vente fédérale sur le mazout de chauffage domiciliaire, de même que la relance du programme écoÉNERGIE Rénovation.

Jusqu'à présent, M. Harper a réagi de façon distante. Et alors que les conservateurs montent dans les sondages, il donne l'impression d'être un premier ministre déjà en campagne électorale, même s'il insiste pour dire qu'il ne souhaite pas de scrutin.

Toutefois, la perspective d'une présence en cour pour son parti et ses hauts responsables - à compter du 18 mars, soit quatre jours avant l'annonce du budget - pourrait inciter M. Harper à faire des efforts pour satisfaire le chef du NPD.