Le premier ministre Stephen Harper a assisté à des réunions d'information secrètes sur les câbles diplomatiques diffusés par WikiLeaks organisées par des hauts fonctionnaires, selon des documents obtenus par La Presse Canadienne.

Des notes de service déclassifiées révèlent toute l'inquiétude du gouvernement Harper quant à ces communications entre diplomates américains qui continuent à faire les manchettes de journaux partout sur la planète.

Une note datant de la fin du mois de novembre dernier affirme que tout document d'intérêt diffusé par WikiLeaks était immédiatement transmis au ministère concerné par les Affaires étrangères et qu'un compte-rendu de la situation était produit deux fois par jour.

La Presse Canadienne a obtenu ces documents, dont plusieurs sections étaient caviardées, en vertu de la Loi sur l'accès à l'information.

Une lettre de quatre pages envoyée à Stephen Harper par le greffier du Conseil privé, Wayne Wouters, établissait les «conséquences probables pour le Canada» de la fuite de près de 250 000 documents.

L'analyse, presque toute supprimée du document, semblent avoir été basée sur des informations fournies en avance par le département d'État américain.

La lettre était classée «très secrète» et «pour citoyens du Canada seulement».

Une mise à jour de M. Wouters au premier ministre datant du 30 novembre indiquait que le ministère des Affaires étrangères «surveillait la publication des documents et les analysait au fur et à mesure de leur apparition», avant de souligner que 2648 des documents coulés étaient liés au Canada.

Ce mémo, dont la plus grande partie était caviardée, traitait sûrement de la diffusion, survenue le soir précédent, d'un câble diplomatique relatant en profondeur la rencontre d'un diplomate américain, en juillet 2008, avec celui qui était directeur du Service canadien du renseignement de sécurité.

Jim Judd avait affirmé que son agence «harcelait vigoureusement» des membres du Hezbollah installés au Canada et qu'une vidéo de l'interrogatoire d'Omar Khadr, sur le point d'être rendue public, allait déclencher «un sentiment d'intense indignation, une spécialité bien canadienne».

En décembre, des extraits d'un câble diplomatique qui recensait les cibles potentielles pour une attaque terroriste au Canada ont été envoyés à Stephen Harper. Il était aussi constamment informé des déclarations de Julian Assange et des cyber-attaques orchestrées contre WikiLeaks et les sites d'entreprises considérées comme anti-WikiLeaks.

Dès le début du mois de décembre, avec moins d'un pour cent des documents ayant été diffusés, le ministère des Affaires étrangères avait réduit son appareil de surveillance, produisant des rapports «seulement lorsque cela est nécessaire».

Les autres câbles diplomatiques concernant le Canada et déjà rendus publics traitaient d'une opération policière anti-drogue en Colombie-Britannique et des propos de Mouammar Kadhafi, le dirigeant lybien, qui a menacé de nationaliser les opérations de Petro-Canada dans son pays. Un document abordait aussi les accusations d'un diplomate canadien qui affirmait que les autorités tunisiennes torturaient les individus suspectés de terrorisme.

Le ministère des Affaires étrangères n'a pas voulu commenter le dossier.