Pour s'opposer aux conservateurs, le Bloc québécois n'écarte pas la possibilité de créer une coalition avec les autres partis en 2011, a déclaré son leader parlementaire, Pierre Paquette, en dressant le bilan de fin d'année de son parti, mercredi.

Il a affirmé que le Bloc garde toutes les options ouvertes, du moment qu'elles servent les intérêts du Québec à Ottawa.

«En janvier 2009, on avait offert notre appui à une éventuelle coalition gouvernementale Nouveau Parti démocratique-libérale. C'est pas quelque chose qu'on écarte», a indiqué M. Paquette, en reconnaissant que le chef des libéraux, Michael Ignatieff, ne semblait pas pour le moment intéressé par la formule.

Toute l'année, les conservateurs ont tenté de ridiculiser cette idée de coalition contre le gouvernement, la rebaptisant «coalition socialiste-séparatiste» et l'utilisant à toutes les sauces lorsque les partis d'opposition bloquaient leurs projets de lois.

Le mot est devenu tabou pour certains, alors qu'il a été utilisé par d'autres comme une arme ou une insulte.

Mais le spectre de la coalition n'inquiète pas le ministre conservateur Denis Lebel, même si un tel front commun pourrait rendre la tâche du gouvernement beaucoup plus difficile.

«Ça doit être inquiétant pour les Canadiens et les Canadiennes. Quand un parti dit que sa priorité c'est la souveraineté et qu'il s'assoit avec deux partis qui sont sensés être là pour défendre les intérêts du pays, ça m'inquiéterait, moi, pour les autres gens du pays», a déclaré mercredi M. Lebel, en tentant de ridiculiser les propos de M. Paquette.

Le mot coalition ne fait pas peur au chef du NPD, Jack Layton, qui ne rejette pas d'emblée une future association avec d'autres formations politiques.

«Nous sommes toujours disponibles à travailler avec les autres partis pour accomplir des choses pour les gens. Je pense que les gens veulent que nous travaillions ensemble», a-t-il commenté.

Manifestement las d'entendre parler de collaboration avec le «parti séparatiste» et de devoir encore se justifier à ce sujet, le leader parlementaire du Parti libéral, David McGuinty, a simplement indiqué que les libéraux «travaillent très fort pour former un gouvernement», semblant vouloir faire cavalier seul et fermer la porte aux autres partis.

Et en ce qui concerne l'année 2011, le Bloc ne souhaite pas forcément faire le grand ménage avec des élections.

Si elles sont inévitables parce qu'un vote de confiance le justifierait, le Bloc se dit prêt, mais il préfère à ce stade-ci collaborer pour faire avancer des projets de loi. Une collaboration avec les conservateurs en 2010 a pourtant été qualifiée de «difficile» par M. Paquette.

Selon lui, la dernière année a été gaspillée. La prorogation du Parlement de décembre 2009 a tué au feuilleton de nombreuses mesures, un retard qui a été impossible à rattraper en 2010, estime-t-il.

Mais cette prorogation n'a cependant pas nuit à la popularité du Bloc auprès de la population québécoise, vu les protestations de nombreux citoyens qui ont mal accueilli la décision du premier ministre de fermer le Parlement.

«Ça a été le mauvais calcul de Stephen Harper. Les gens ont été très choqués», a souligné M. Paquette.

«On voit au Québec que la faible confiance qui peut exister entre certains Québécois et les conservateurs s'est complètement brisée à ce moment-là», a-t-il commenté.

«Mais nous, ça ne nous a pas nui», a-t-il reconnu, préférant toutefois attribuer la popularité du parti à ses réalisations sur la scène fédérale.

Il a cité entre autres la lutte du Bloc contre le démantèlement du registre des armes à feu et son opposition à la nouvelle mouture de la loi sur le droit d'auteur.

Pour Pierre Paquette, le Canada ne «marche pas» et la reconnaissance de la nation québécoise n'était que de la poudre aux yeux pour cacher le fait que le Québec ne reçoit pas sa juste part.

Contrairement au bilan bloquiste de décembre 2009, Pierre Paquette s'est présenté sans Gilles Duceppe devant les journalistes présents cette année.

Souriant d'un air un peu embarrassé, il a cependant nié qu'il s'agissait d'une «pratique» pour le jour où il serait à la tête du parti.

«M. Duceppe a l'intention de rester. Il vous l'a dit à plusieurs reprises cette année et moi je l'encourage à rester», a dit le leader parlementaire.

Cet automne, une faction de l'aile jeunesse du Parti québécois a fait savoir qu'elle estimait que Gilles Duceppe ferait un meilleur leader du PQ que Pauline Marois, relançant ainsi les spéculations sur l'avenir politique du chef bloquiste.