Ottawa et le gouvernement du Québec ont entamé des négociations dans le but de conclure un accord en matière de forage en mer similaire à ceux ayant enrichi les provinces de l'Atlantique.

Le ministre fédéral des Ressources naturelles, Christian Paradis, s'est dit confiant cette semaine de voir les deux parties trouver un terrain d'entente qui permettrait d'exploiter le potentiel du golfe du Saint-Laurent.

«J'ai le sentiment qu'il y a une poussée en ce sens - autant du côté provincial que de celui du gouvernement fédéral», avait noté M. Paradis lors d'une rencontre avec les médias.

«Je vais faire tout en mon pouvoir pour favoriser une percée», avait-il aussitôt ajouté.

Mais au fur et à mesure que les négociations avanceront, M. Paradis et ses collègues du fédéral risquent de s'aventurer sur un terrain glissant. Le gisement en question serait à cheval sur des territoires revendiqués par le Québec ainsi que par la province de Terre-Neuve-et-Labrador.

L'enjeu tourne autour du gisement Old Harry, un champ d'hydrocarbure mesurant 29 km situé non loin des Îles-de-la-Madeleine et qui abriterait près de deux milliards de barils de pétrole ou cinq mille milliards de pied cube de gaz naturel.

Un tel gisement de pétrole serait deux fois plus imposant que le projet Hibernia, le long des côtes de Terre-Neuve-et-Labrador ou, en termes de gaz naturel, trois fois plus important que celui de l'île de Sâble, en Nouvelle-Écosse, selon des représentants de l'industrie pétrolière.

Mais contrairement à Terre-Neuve-et-Labrador ou la Nouvelle-Écosse, le Québec ne détient pas d'entente avec Ottawa en matière d'extraction sous-marine.

Toutefois, le gouvernement du Québec sent qu'une percée est imminente.

«Les divergences entre Québec et Ottawa mijotent depuis 12 ans», a déclaré la ministre des Ressources naturelles, Nathalie Normandeau, cette semaine.

«C'est la première fois que je sens autant d'ouverture de la part du gouvernement fédéral, et du ministre (fédéral) des Ressources naturelles en particulier.»

Les détails entourant l'éventuel pacte, et le moment de son entrée en vigueur, demeurent nébuleux. Mais selon le ministre Paradis, il s'agirait d'une entente administrative.

«L'objectif est de créer un office de l'hydrocarbure comme c'est le cas en Nouvelle-Écosse et à Terre-Neuve-et-Labrador.»

M. Paradis préfère une entente administrative, plutôt que de nature législative qui pourrait mener à des prises de bec entre les deux paliers de gouvernement.

Cependant, les chances de friction entre le Québec et Terre-Neuve-et-Labrador demeurent présentes.

Québec tient à ce que toute entente respecte un accord conclu entre les quatre provinces de l'Atlantique en 1964 et qui a laissé la majeure partie du gisement Old Harry à l'intérieur de ses limites territoriales.

De son côté, Terre-Neuve-et-Labrador souhaiterait que toute entente négociée entre Québec et Ottawa prévoit la création d'un tribunal qui réglerait le litige frontalier.