Les conservateurs fédéraux ont été attaqués sur tous les fronts dans le dossier du recensement, par les gouvernements provinciaux, des groupes religieux, des experts, des économistes et bien d'autres intervenants encore. Mais ils ne semblent pas s'en formaliser.

Les conservateurs sont plus déterminés que jamais à maintenir leur décision d'éliminer le questionnaire obligatoire long de recensement pour le remplacer par un questionnaire volontaire abrégé - même après la démission cette semaine du statisticien en chef du Canada Munir Sheikh.

Ceci s'explique par la conviction qu'ils ont de pouvoir faire des gains politiques dans ce dossier, soutiennent des analystes.

Mais les conservateurs estiment aussi qu'ils auraient pu communiquer leur position de meilleure façon, et donc aujourd'hui, ils y vont avec une attitude encore plus agressive.

Le président du Conseil du Trésor, Stockwell Day, a déclaré vendredi à l'animateur de talk-show Dave Rutherford, en Alberta, que les conservateurs voulaient simplement dire que des gens ne devraient pas être menacés d'emprisonnement pour avoir refusé de dire «à un fonctionnaire inconnu combien de chambres à coucher ils ont dans leur maison».

L'insistance des conservateurs sur la pertinence de rendre volontaire le long questionnaire de recensement suscite la division entre les électeurs de type «Tea Party» partisans du conservatisme fiscal et du moindre État et les chercheurs, universitaires et élites du pays, a soutenu le président d'Harris Décima, Allan Gregg.

Pour les conservateurs, cet enjeu tend à solidifier leur base électorale. Et ils ont besoin d'une base d'électeurs motivés s'ils veulent se maintenir au pouvoir lors du prochain scrutin.

Mais les conservateurs jouent avec le feu, fait valoir M. Gregg.

Si les élites qui s'opposent si vivement à la position conservatrice dans ce dossier arrivent à centrer le débat sur un conflit entre une classe de professionnels pragmatiques et un parti politique idéologique, elles pourraient avoir le dessus, estime le sondeur.

M. Gregg a dit croire que les électeurs mous du centre de l'échiquier politique sont probablement perplexes en ce moment face au dossier du recensement, mais qu'ils pourraient éventuellement se tourner contre la position conservatrice.

La décision, fin juin, d'éliminer le questionnaire long obligatoire de recensement a pris plusieurs par surprise, mais la position conservatrice dans le dossier ne date pas d'hier, ont indiqué des sources du parti. Les conservateurs jugent depuis un moment qu'il s'agit d'une intrusion gouvernementale inutile dans la vie des citoyens.