Les députés de la Chambre des communes ont finalement accepté d'ouvrir leurs livres pour qu'ils soient scrutés par la vérificatrice générale Sheila Fraser, après avoir refusé de le faire pendant plusieurs années.

La vérification qu'entreprendra Mme Fraser sera toutefois limitée: cette dernière dit ne pas vouloir s'attarder aux dépenses individuelles, mais plutôt aux pratiques de gestion, aux contrôles et place et aux systèmes d'administration, pour voir si ceux-ci sont suffisants et respectés.

Pour ce faire, la vérificatrice compte notamment se baser sur un échantillon des dépenses faites par la Chambre et par les députés.

«Nous n'examinerons pas la façon dont les députés gèrent leur bureau, ni le mérite relatif des transactions qu'ils effectuent, a-t-elle expliqué. De même, nous n'émettront pas de commentaire sur le rendement de la Chambre, de ses comités ou des députés à titre individuel.»

Ainsi, si au cours de sa vérification, Mme Fraser constatait un cas d'irrégularité et d'abus, celui-ci pourrait ne pas se retrouver dans son rapport, ou à tout le moins l'identité de la personne fautive pourrait rester confidentielle.

«Si c'est un cas individuel qui n'est pas représentatif des dépenses à travers notre vérification, nous n'allons pas le mentionner», a-t-elle dit.

Elle a toutefois ajouté qu'elle pourrait étendre sa vérification si elle s'apercevait que des irrégularités étaient commises à une plus grande échelle.

La formule annoncée hier a semblé plaire aux députés qui ont fait l'annonce à ses côtés, lors d'une conférence de presse mardi matin. Les parlementaires s'opposent à une vérification depuis plusieurs années. Ils craignent entre autres que des dépenses anecdotiques soient montées en épingle dans des médias à la recherche de scandales.

«On a constaté par les nombreux courriels, par les nombreuses demandes, qu'il y avait vraiment un intérêt public pour savoir ce qui se passait, pour savoir comment l'argent était dépensé», a cependant déclaré l'un des porte-parole du comité chargé de la gestion des affaires internes la Chambre, le député libéral Marcel Proulx, pour expliquer cette volte-face.

Sheila Fraser a précisé qu'elle débuterait son travail sous peu et qu'elle espérait déposer son rapport à la Chambre des communes vers l'automne 2011. D'ici là, elle compte négocier avec le Sénat pour pouvoir y mener une enquête semblable.

>>> Pour joindre Hugo de Grandpré: hdegrand@lapresse.ca