Poursuivant sa commémoration des 20 ans du parti et de l'échec de l'Accord du Lac Meech, le Bloc québécois a profité de sa journée d'opposition aux Communes, mardi, pour réitérer ses demandes traditionnelles et dénoncer l'«immobilisme» du fédéralisme canadien.

A l'instar des propos tenus par leur chef en fin de semaine dernière, lors d'un colloque sur l'avenir de la province au sein du Canada, les députés bloquistes ont soutenu, mardi, que le fédéralisme canadien n'était pas renouvelable et n'avait rien à offrir au Québec.

«Le fédéralisme renouvelé, c'est une grande illusion à laquelle on ne croit plus au Québec», a plaidé le leader parlementaire du Bloc québécois, Pierre Paquette, en ouverture du débat.

«Donc, il ne nous reste que deux options, soit faire la souveraineté (...), soit tranquillement se marginaliser au sein de la nation canadienne, dans le cadre de ce système fédéral canadien complètement sclérosé face aux demandes du Québec», a-t-il ajouté.

Citant les résultats d'un sondage, commandé à l'occasion du colloque du parti organisé à Montréal samedi, les bloquistes ont argué que la majorité des Québécois partageaient leur souhait de voir la province gérer elle-même ses affaires.

La motion du parti de Gilles Duceppe fait valoir que «20 ans après l'échec de l'Accord du Lac Meech, le Québec ne dispose pas du pouvoir de choisir trois juges à la Cour suprême du Canada, ni d'un droit de retrait avec compensation des programmes fédéraux dans ses champs de compétence, ni d'un réel veto en matière d'amendements constitutionnels et son statut de nation ne fait toujours pas l'objet d'une reconnaissance constitutionnelle».

Voué à l'échec, le texte a été rejeté par les trois partis fédéralistes et n'a reçu l'appui que des 44 bloquistes présents en Chambre lors du vote, en fin de journée.

Et comme le sort de la motion était prévisible, c'était une occasion ratée pour le Bloc, selon les libéraux et les néo-démocrates, qui auraient préféré voir le parti souverainiste demander des comptes au gouvernement conservateur en ce qui concerne l'abolition du registre des armes à feu ou le sort des détenus afghans transférés par les Forces canadiennes, notamment.

«En présentant cette motion, le Bloc perd encore une fois l'opportunité de représenter les meilleurs intérêts des Québécois», a estimé le libéral Massimo Pacetti.

Puisant dans l'actualité, les bloquistes en ont néanmoins profité pour dénoncer du même coup la volonté des conservateurs de créer une commission unique des valeurs mobilières et de réduire le poids politique du Québec aux Communes en ajoutant des sièges à d'autres provinces.

Le Bloc a également reproché au gouvernement son opposition à un projet de loi du Nouveau Parti démocratique visant à imposer le bilinguisme comme condition à la nomination d'un juge à la Cour suprême.

Des reproches auxquels ont répliqué les députés conservateurs du Québec en dénonçant le peu de résultats du Bloc depuis 20 ans, un parti «qui n'apporte rien au Québec», selon eux.

Denis Lebel, le ministre d'État au développement économique du Canada pour les régions du Québec, a de son côté noté qu'il aimait mieux être assis à la table de travail, plutôt que de «regarder passer la parade».

«Le pouvoir politique du Québec, ce n'est pas dans les estrades qu'on l'augmente, c'est avec des députés qui peuvent aspirer un jour à être à la table des décisions», a argué le conservateur en faisant référence à ses collègues québécois qui siègent au sein du gouvernement.

Les critiques des bloquistes auront par ailleurs servi aux autres partis d'opposition afin de dénoncer à leur tour les prises de position des conservateurs, notamment les élus de la province québécoise, qui vont, selon leurs opposants, à l'encontre des intérêts du Québec.

«Il vote contre sa langue, contre la représentation de sa province ici en Chambre et il vote avec les conservateurs pour saccager le système des valeurs mobilières au Québec, il se fait applaudir par son gang de l'Ouest et il est fier. Quelle honte!», a lancé le néo-démocrate Thomas Mulcair, à l'endroit du député conservateur du Bas-Saint-Laurent, Bernard Généreux.

Libéraux et néo-démocrates ont cependant eux aussi reproché aux bloquistes leur «discours de lamentation», avec lequel ils ne bâtissent rien.