Le gouvernement Harper s'attaque au fondement même de la démocratie canadienne en coupant les vivres aux organisations et aux individus qui osent critiquer ses politiques, a affirmé hier le chef du Parti libéral, Michael Ignatieff.

M. Ignatieff a lancé cette accusation hier à la Chambre des communes après qu'il fut révélé qu'Ottawa a récemment refusé de reconduire des subventions à une douzaine de groupes de femmes qui avaient critiqué la décision du gouvernement Harper de ne pas financer l'avortement à l'étranger dans le cadre de son programme de santé maternelle et infantile dans les pays en voie de développement.

 

En tant qu'hôte du prochain sommet du G8 qui aura lieu à Toronto en juin, le premier ministre Stephen Harper a décidé d'inscrire le dossier de la santé maternelle à l'ordre du jour de la réunion des leaders. Mais son gouvernement refuse d'inclure l'accès à des services d'avortement dans ce programme, au même titre que les États-Unis, au grand dam de plusieurs groupes de défense des droits des femmes.

Le Conseil d'intervention pour l'accès des femmes au travail, le réseau des tables régionales de groupes de femmes du Québec et Match, entre autres, font partie des groupes qui ont vu leurs vivres être coupés récemment.

«Au lieu d'encourager les débats, les conservateurs les étouffent. Au lieu de répondre aux questions, ils les esquivent. Et au lieu de traiter nos institutions avec respect, ils essaient de les fermer. C'est un enjeu important. Il s'agit de savoir si le gouvernement respecte la démocratie. C'est l'enjeu fondamental», a affirmé M. Ignatieff dans une charge à fond de train.

M. Ignatieff a souligné que les conservateurs ont durement attaqué la crédibilité du diplomate Richard Colvin en novembre quand il a déclaré devant un comité parlementaire que le gouvernement canadien avait fermé les yeux sur les risques de torture que couraient les détenus afghans transférés par les soldats canadiens. Il a aussi rappelé que l'ancienne présidente d'Énergie atomique Canada, Linda Keen, a été remerciée de ses services après avoir contesté la décision du gouvernement de rouvrir le réacteur nucléaire de Chalk River.

Le Bloc poursuit dans la même veine

Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a poursuivi dans la même veine hier en soutenant, également aux Communes, que le gouvernement minoritaire de Stephen Harper cherche à taire les critiques.

«Le gouvernement conservateur a coupé, comme par hasard, le financement de 12 groupes de femmes qui ont dénoncé le refus des conservateurs de financer l'avortement à l'étranger. Il apparaît évident que ces coupes ont été exécutées pour des raisons idéologiques», a dit M. Duceppe.

Répondant aux attaques de l'opposition en l'absence du premier ministre, présentement en tournée européenne, la ministre de la Coopération internationale, Bev Oda, a affirmé que les organismes n'ont plus de financement parce que leur gestion des fonds était déficiente.

«Ce n'est pas une question d'avoir le droit d'avoir l'argent des contribuables. C'est une question d'être imputable de l'utilisation de notre aide internationale. Une évaluation indépendante de Match a démontré qu'il avait des défis financiers. On a trouvé que Match était inefficace, inefficient et incapable d'identifier ses priorités. Notre gouvernement veut que l'argent des contribuables soit utilisé d'une manière efficace et qui donne des résultats», a dit Mme Oda.

La ministre des Travaux publics, Rona Ambrose, qui est maintenant responsable de la Condition féminine, a affirmé que le gouvernement Harper a investi des sommes records dans la cause des femmes depuis son arrivée au pouvoir, soit plus de 12 millions de dollars.