Une certaine confusion semblait régner, vendredi, à savoir si l'avortement pourrait faire partie des moyens offerts aux femmes enceintes, dans le plan d'action du gouvernement fédéral à l'intention des pays en voie de développement, qui sera débattu lors du prochain sommet du G8.

Deux ministres du cabinet de Stephen Harper, Lawrence Cannon et Josée Verner, ont tenu des propos équivoques à ce propos.

Il serait hasardeux de dire que le recours à l'avortement est exclu de ce plan d'aide, a laissé entendre le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon.

En fait, il reviendra à la ministre du Développement international, Bev Oda, de trancher sur cette question, a-t-il expliqué lors d'un point de presse, en marge d'une allocution à Québec.

C'est elle, a-t-il ajouté, qui est responsable de préciser «la description requise à cette question-là», soit celle touchant les moyens visant le contrôle de la fertilité.

Jeudi, sur les ondes de CTV, il avait déclaré que l'avortement ne faisait pas partie de cette initiative.

Le jour même, le premier ministre Stephen Harper avait dit pour sa part qu'il ne voulait pas relancer le débat sur l'avortement, à l'occasion du prochain sommet du G8 qui aura lieu au Canada en juin.

Questionné à savoir en vertu de quel principe le Canada priverait ainsi les femmes du tiers-monde de services d'interruption de grossesse, le ministre Cannon a pourtant dit, vendredi, qu'il ne fallait pas sauter aux conclusions.

«Vous ne devez pas automatiquement conclure des choses, tant et aussi longtemps que Mme Oda ne s'est pas exprimée sur la mécanique entourant ça», a-t-il dit.

Jeudi également, le premier ministre Harper avait dit que toutes les options, y compris la contraception, seraient considérées lorsque les leaders du G8 se rencontreront.

Auparavant, même la contraception était exclue du programme.

Mardi, le ministre Cannon avait aussi indiqué que l'initiative ne comprendrait «aucune mesure de planification familiale», l'objectif étant de «sauver des vies».

De son côté, bien qu'elle rappelle ses positions pro-choix, la ministre des Affaires intergouvernementales, Josée Verner, a dit qu'il ne fallait pas exporter le débat sur l'avortement, s'en tenant à la position de son chef.

«On ne souhaite pas ouvrir la question de l'avortement ici au Canada. Par voie de conséquence, on ne souhaite pas non plus l'ouvrir dans des pays étrangers», a-t-elle indiqué, en point de presse.

C'est précisément pour ne pas imposer la position canadienne au reste du globe que cette question «ne sera pas à l'ordre du jour» du sommet du G8, selon elle.

Jusqu'à jeudi, le gouvernement Harper avait refusé d'indiquer clairement si les moyens de contrôle des naissances feraient partie du plan d'action, qui vise essentiellement à réduire les taux de mortalité chez les femmes, particulièrement les femmes enceintes.

Dernièrement, en Chambre, le premier ministre subissait beaucoup de pression dans ce dossier, de la part des partis d'opposition, qui craignaient que la contraception soit écartée du plan d'aide.

Dans les pays en développement, une femme meurt chaque minute à cause de complications liées à la grossesse ou à l'accouchement.

Jusqu'à maintenant, la ministre Oda a donné quant à elle bien peu de détails sur l'initiative fédérale et les intentions qu'elle poursuit.

Le Canada s'est engagé à faire de la santé des mères et des enfants sa priorité au sommet du G8.