Les provinces qui se liguent contre l'Alberta pour dire que ses sables bitumineux noircissent le bilan du pays en matière d'environnement oublient de se poser la question suivante: «Que ferait le Canada sans l'argent de cette lucrative industrie?»

Ainsi, les provinces canadiennes qui pointent du doigt l'Alberta pour la pollution qu'elle engendre semblent oublier que cette province contribue beaucoup aux transferts de péréquation en les aidant à régler leurs factures de programmes sociaux tout en maintenant un taux de taxation relativement peu élevé.

C'est du moins ce que soutient le premier ministre de la province, Ed Stelmach, alors que les négociations se poursuivent à la conférence sur les changements climatiques de Copenhague. Il s'est d'ailleurs efforcé de le leur rappeler cette semaine, en publiant notamment une lettre ouverte dans les journaux et en accordant des entrevues aux médias.

M. Stelmach a entre autres rappelé que les transferts nets de l'Alberta à destination d'Ottawa avaient atteint, l'année dernière, la somme de 21 milliards $.

«Les investissements énergétiques représentent une part immense des marchés boursiers au Canada, et ils produisent un afflux de capitaux étrangers et d'opérations commerciales qui est bénéfique pour l'ensemble du pays», peut-on lire dans la lettre ouverte de M. Stelmach publiée entre autres dans l'édition de jeudi de La Presse.

En comparaison, cela représente plus d'argent que celui destiné au budget de la défense du pays qui est de 18 milliards $ ainsi que la moitié des dépenses encourues par l'Ontario pour son système de santé.

De plus, c'est en partie grâce à l'argent de l'Alberta, qui provient essentiellement de ses sables bitumineux, le Québec reçoit huit milliards $ en transferts de péréquation.

Selon un expert en économie de l'Université de Calgary, Robert Mansell, les coûts des provinces seraient beaucoup plus élevés que ce qu'elles peuvent s'imaginer sans l'argent des sables bitumineux de l'Alberta.

«C'est l'un des éléments qui a généré beaucoup d'argent dans le pays et qui a été réparti relativement équitablement entre les provinces», a-t-il argué.

Mais malgré la contribution importante de cette province de l'ouest, l'Ontario et le Québec ne se sont pas gênés pour lancer des attaques virulentes contre l'Alberta au sommet de Copenhague.

Ainsi, le premier ministre du Québec, Jean Charest ainsi que le ministre de l'Environnement de l'Ontario, John Gerretsen, ont refusé, au Danemark, d'endosser les émissions de gaz à effet de serre des provinces les plus polluantes, comme celles de l'Alberta et de la Saskatchwan, pour atteindre les cibles du pays en matière d'émissions.

Une décision qui a fait réagir le premier ministre de l'Alberta. «Certes, un ralentissement de notre économie serait un moyen sûr de réduire les émissions, mais si l'économie de l'Alberta se retrouvait au point mort, tous les Canadiens en souffriraient», ajoute M. Stelmach, dans sa lettre.

«Ce qui est probablement le plus frustrant dans tout cela c'est que l'Ontario et le Québec ne cessent de nous pointer du doigt», a-t-il également mentionné sur les ondes de CTV.