Les libéraux ont choisi un champ de culture de graines de soya et les conservateurs, une station d'autobus, jeudi, afin de démontrer avec précision combien d'argent a jusqu'à maintenant été consacré aux projets d'infrastructures visant à relancer l'économie.

Chacun de leur côté, les deux partis ont profité de l'occasion pour accuser l'autre de tromper les Canadiens à des fins politiques.

«Le problème ne vient pas seulement du fait que peu d'argent sorte, c'est le fait qu'il va systématiquement dans des circonscriptions représentées par des députés conservateurs», a lancé le chef du Parti libéral, Michael Ignatieff.

De passage à Burlington, à l'ouest de Toronto, M. Ignatieff s'est installé devant une terre agricole, qui doit être transformée en parc, et l'a citée en exemple pour expliquer pourquoi il ne fait aucunement confiance au gouvernement Harper.

«Il s'agit d'un exemple parmi des milliers d'autres où ils annoncent quelque chose et que rien ne se produit», a ajouté M. Ignatieff, tout en dévoilant les résultats de recherches laissant croire que seulement 12 pour cent des 4 milliards $ devant être investis dans des projets de création d'emplois avaient été dépensés.

Ces recherches, menées par le porte-parole libéral en matière d'infrastructures, Gerard Kennedy, affirmaient que 4800 emplois, au plus, avaient été créés depuis l'instauration du programme d'infrastructures dans le cadre du budget de janvier dernier.

De plus, selon le rapport libéral, la circonscription moyenne représentée par un député conservateur aurait reçu 13 fois plus d'argent que celle représentée par un député de l'opposition en Colombie-Britannique, et 2,7 fois plus au Québec. En Ontario, les circonscriptions conservatrices auraient obtenu 11 pour de plus que celles appartenant à l'opposition.

Mais quelques minutes après la sortie de M. Ignatieff, le ministre de l'Infrastructure, John Baird, a répliqué qu'Ottawa agissait avec autant de célérité que possible dans un important nombre de projets, et qualifié de «totalement fausses» les données émises par le Parti libéral.

«C'est carrément opportuniste et je crois que c'est honteux», a affirmé M. Baird, qui se trouvait dans une station d'autobus, à quelques rues à peine de l'endroit où se situait M. Ignatieff.

M. Baird a ajouté que le gouvernement fédéral finançait des projets identifiés comme étant «prioritaires» par les municipalités, et déclaré que la sortie du PLC représentait «une attaque majeure et injustifiée envers le travail acharné des résidants de petites municipalités et de grandes villes à travers le pays».

Selon M. Baird, 75 pour cent des projets qui devaient prendre leur envol cette année sont en route, et rappelé que ce programme d'infrastructures était étalé sur une période de deux ans.

«Michael Ignatieff est déterminé à forcer des élections inopportunes et inutiles aux Canadiens, qui n'en veulent pas», a lancé M. Baird.

Le chef libéral s'est moqué de cette remarque. «C'est une accusation absolument absurde. Ca revient à dire que la démocratie et le choix sont mauvais pour les Canadiens», a-t-il déclaré à son tour.