Le chef libéral, Michael Ignatieff, a promis de prendre la décision de provoquer ou non des élections cet automne en se basant sur ses principes et non pas sur les sondages.

Les députés et sénateurs libéraux sont réunis depuis lundi midi à Sudbury pour discuter de la saison parlementaire qui s'amorce. Tous ont convenu que la question des élections sera au coeur des discussions des trois prochains jours.M. Ignatieff a cependant souligné qu'il était possible qu'il n'émerge pas du caucus, demain, avec une décision ferme en ce qui concerne l'avenir du gouvernement Harper.

«Nous allons avoir une bonne discussion et nous allons prendre une décision quand ça fera notre affaire, a-t-il tranché. J'aime avoir une idée claire des choses.»

En juin, les libéraux étaient passés à un cheveu de défaire le gouvernement, sous prétexte qu'il gérait mal certains dossiers, dont ceux de l'assurance emploi et de la crise des isotopes. Michael Ignatieff avait finalement convenu de lui laisser la vie sauve, en échange de certaines concessions, dont la création d'un comité spécial chargé d'étudier les réformes à apporter à l'assurance emploi. Le parti a aussi obtenu une journée d'opposition supplémentaire à la fin du mois de septembre, ce qui lui donnerait l'occasion de provoquer des élections.

Or, le chef libéral, comme ses députés, s'est dit hier insatisfait du gouvernement. «Ça ne s'est pas amélioré au cours de l'été, a-t-il lancé. Nous avons eu des réunions sérieuses sur la question de l'assurance emploi, mais ces rencontres se sont transformées en une sorte de charade... C'est le genre de choses que nous devrons étudier dans la réunion du caucus.»

Changement de ton

Nombreux sont ceux, même dans les rangs des libéraux, qui croyaient que des élections cet automne n'étaient qu'une formalité. Or, la semaine dernière, des ténors du parti ont commencé à changer de message et à dire tout haut qu'il serait peut-être préférable d'attendre. Même chose pour l'assurance emploi: dossier de prédilection des libéraux au printemps dernier, tous les députés, y compris le chef, insistent maintenant pour dire qu'il s'agit d'un enjeu parmi d'autres.

Comment expliquer cette volte-face? Les sondages y sont peut-être pour quelque chose. À l'échelle canadienne comme à l'échelle québécoise, les libéraux ont perdu des appuis depuis le début de l'été. Ils sont maintenant à égalité avec les conservateurs au Canada et ils sont deuxièmes au Québec, après avoir brièvement dépassé le Bloc québécois dans les intentions de vote.

Le parti doit étudier le résultat de ses propres coups de sonde dans les prochains jours. Plusieurs s'attendent à ce que ces résultats influencent largement la décision du parti de provoquer ou non des élections.

Mais Michael Ignatieff affirme qu'il n'en est rien. «C'est une question de principe, ce n'est pas une question de sondage», a-t-il insisté en point de presse.