Le chef bloquiste Gilles Duceppe a déclaré lundi que les conservateurs utilisent de faux prétextes pour empêcher le Québec d'obtenir une compensation de 2,6 milliards $ pour l'harmonisation des taxes de vente fédérale et provinciale.

M. Duceppe croit qu'en demandant au gouvernement québécois de céder au fédéral la gestion de la taxe de vente du Québec (TVQ) et de la taxe sur les produits et services (TPS), le ministre des Finances, Jim Flaherty, pourrait aussi poursuivre des visées centralisatrices.

«Vous voyez bien que ce sont des prétextes, a-t-il dit lors d'une conférence de presse. Ou (que c'est une façon) de tout centraliser. C'est aussi grave dans un cas comme dans l'autre.»

Selon lui, le gouvernement du Québec a déjà démontré sa bonne foi dans ce dossier, en acceptant d'offrir un crédit de TVQ aux grandes entreprises et en se montrant ouvert à cesser d'appliquer la taxe provinciale à la TPS, comme l'a demandé Ottawa.

«Que ce soit «collecté» par Ottawa, ça c'est non, et qu'il y ait une seule taxe et non pas deux d'identifiées par souci de transparence, c'est non également et je l'appuie totalement, a-t-il dit. Il y a unanimité à l'Assemblée nationale.»

Constatant, il y a deux semaines, que l'Ontario allait recevoir un dédommagement de 4,3 milliards $ pour harmoniser sa taxe provinciale en l'appliquant aux même produits que la TPS, la ministre québécoise des Finances, Monique Jérôme-Forget, a réclamé la même chose pour le Québec, un montant qu'elle a évalué à 2,6 milliards $.

Vendredi, Mme Jérôme-Forget a refusé de se plier à la plus récente exigence de M. Flaherty, qui a réclamé l'unification de la perception et de l'administration des taxes de vente. La ministre a aussi indiqué qu'elle enverrait à son homologue un projet d'entente Canada-Québec. Selon son bureau, le document devait être acheminé lundi.

Actuellement, Québec gère les sommes provenant des deux taxes et remet ensuite sa part au fédéral, ce qu'Ottawa souhaite changer.

Selon Mme Jérôme-Forget, le système fonctionne bien tel qu'il est. Le gouvernement a toutefois indiqué qu'il pourrait cesser d'appliquer la TVQ à la TPS, dans la mesure où la TPS serait augmentée pour compenser une perte de revenus de 500 millions $ pour les coffres québécois.

Lundi, M. Duceppe a soutenu que malgré leur intention de pratiquer un fédéralisme d'ouverture, les conservateurs illustraient, avec le dossier de l'harmonisation, qu'ils sont en train de céder à l'impulsion de centraliser les pouvoirs à Ottawa, tout comme leurs prédécesseurs libéraux.

«Au-delà des partis, que ce soit libéraux ou conservateurs, c'est des habitudes fédérales», a-t-il dit.

Par ailleurs, M. Duceppe a indiqué que dans un contexte de gouvernement minoritaire à Ottawa, son parti demeurait prêt à affronter tout déclenchement éventuel de campagne électorale.

Au cours des prochains jours, plusieurs investitures bloquistes auront lieu dans les circonscriptions, a-t-il indiqué.

Au sujet de son propre avenir politique à la tête du Bloc québécois, M. Duceppe s'est montré satisfait du dernier vote de confiance exprimé par les militants en janvier dernier.

«J'ai demandé pour diriger le Bloc à la prochaine campagne et j'ai eu 95 pour cent», a-t-il dit.

En 2007, M. Duceppe avait très brièvement posé sa candidature à la direction du Parti québécois, avant de se rallier à Pauline Marois, qui a été élue.

Lundi, le chef bloquiste s'est montré satisfait de la situation actuelle et de la collaboration avec Mme Marois.

«Il n'y a pas de succession qui se pose au leadership au PQ, a-t-il dit. Moi, ce qui m'intéresse, c'est que le Québec devienne un pays, c'est pour ça que je lutte. Et Mme Marois fait très bien ça à Québec et j'estime faire ça pas trop mal à Ottawa. Et on travaille ensemble.»