Fortement affectés par le ralentissement économique, les revenus prévus du gouvernement fédéral pour l'an prochain ratatinent: une baisse de plus de neuf milliards en taxes et impôts par rapport aux prévisions du mois de février.

Ainsi, le ministère des Finances prévoit que ses revenus fiscaux auront fondu à 202,6 milliards en 2009-2010. Toute proportion gardée, ce sont les entreprises qui verront les impôts qu'elles versent au fisc diminuer davantage, prévoit le ministre des Finances, Jim Flaherty.

 

Avec leurs profits moindres et un taux d'imposition également amoindri, les sociétés devraient verser 34,1 milliards d'impôts cette année. Il s'agit d'une baisse de plus de 16% par rapport à l'an dernier.

L'an prochain, la baisse se poursuivra, avec des impôts de 33,1 milliards. C'est 3,5 milliards de moins que prévu il y a à peine neuf mois.

En ce qui concerne l'impôt des particuliers, l'impact se fera vraiment sentir l'an prochain. À 121,5 milliards, l'impôt des particuliers diminue de quatre milliards par rapport à ce qui était prévu en février.

Déjà en récession

Tous ces chiffres à la baisse sont le reflet de ce que les Canadiens savent déjà: l'économie canadienne ralentit. En fait, sa cadence diminue tellement que le Canada serait déjà en récession, avec une croissance négative pour les trois mois en cours et une autre période prévue de janvier à mars prochains. Une récession, c'est quand l'économie régresse pendant deux trimestres de suite.

Pour l'ensemble de 2009, Ottawa table sur une croissance de 0,3%, soit beaucoup moins que les 2,4% prévu au budget du printemps.

«Je pense que ça va être plus faible que ça, a indiqué hier soir l'économiste en chef adjoint de Desjardins, Yves St-Maurice, après analyse des documents fédéraux. Ils vont être probablement en déficit», a-t-il poursuivi, ajoutant qu'il n'y a rien de mal à ça, tant qu'ils ne deviennent pas récurrents.

Chez BMO Marché des capitaux, l'économiste en chef adjoint, Douglas Porter, trouve également que les données d'Ottawa pour l'an prochain «ont l'air élevées».

L'équipe économique de Desjardins estime de plus que les réductions de dépenses de 4,3 milliards annoncées hier arrivent au mauvais moment. «C'est comme s'ils amplifiaient le ralentissement économique», a déploré M. St-Maurice, qui aimerait que cet argent soit dépensé là où il pourrait avoir un impact rapidement sur l'économie.

Les exportations

Pour aider les exportations canadiennes - dont celles du secteur automobile, précise l'énoncé économique -, Ottawa verse 350 millions d'argent frais à Exportation et développement Canada. La même somme est injectée dans les coffres de la Banque de développement du Canada.

Le ministre Flaherty revient aussi avec son idée de commission canadienne des valeurs mobilières, une idée pourfendue par Québec. Il dit attendre le rapport de son groupe d'experts et promet d'y donner suite «rapidement», pour modifier le système actuel, jugé «contraignant et lourd».

Il y en a aussi pour le système bancaire dans cet énoncé. Ottawa entend notamment augmenter le plafond d'emprunt de la Société d'assurance dépôts à 15 milliards (contre 6 milliards depuis 1992).

Aussi, advenant la faillite d'une banque canadienne, la SADC pourra mettre sur pied une «banque relais», c'est-à-dire qu'elle pourra continuer d'opérer les activités profitables de la banque en question pendant que ses secteurs non performants seraient liquidés.

Le ministre Flaherty n'a toutefois pas jugé bon d'augmenter le montant maximal des dépôts assurés, soit 100 000$ par individu, par institution. D'autres pays l'ont récemment haussé en raison de la crise financière mondiale.