Le gouvernement Harper s'engage à accorder un soutien financier au secteur manufacturier, en particulier celui de la construction automobile et de l'aérospatiale, en ces temps d'incertitude économique.

Désirant faire de la question économique la priorité absolue des premiers mois de son second mandat, le gouvernement minoritaire de Stephen Harper entend gérer les finances publiques de manière prudente, mais il ouvre toute grande la porte à ce qu'Ottawa renoue avec les déficits à partir de l'an prochain.

C'est du moins ce qu'il laisse entendre dans son discours du Trône faisant état des grandes lignes de ses intentions au cours des prochains mois. Le gouverneur général Michaëlle Jean lit cet après-midi ce discours au Sénat.

«Les Canadiennes et les Canadiens trouvent à juste titre inacceptable l'idée de renouer avec des déficits permanents et insoutenables. Il faut absolument éviter de retomber dans ces déficits structurels. Par ailleurs, en ces temps extraordinaires de ralentissement mondial, il serait malavisé de s'engager à déposer à tout prix un budget équilibré à court terme car, au bout du compte, ce sont les familles canadiennes qui pourraient en faire les frais», peut-on lire dans le discours du Trône.

Le gouvernement Harper prévoit devoir prendre des décisions difficiles afin de contenir les dépenses au moment où l'économie canadienne ralentit à un rythme qui étonne même le ministre des Finances Jim Flaherty. Ainsi, les subventions, les contributions et les dépenses en capital seront examinées à la loupe.

Mais du même souffle, le gouvernement croit qu'il faudra donner un coup de pouce financier à des secteurs importants de l'économie canadienne. Le secteur manufacturier, en particulier l'industrie automobile et l'aérospatiale «se fragilise de plus en plus.» Résultat : «Notre gouvernement apportera de nouveaux soutiens à ces industries.»

Le gouvernement Harper prévoit d'ailleurs mettre en oeuvre un plan en cinq volets pour soutenir l'économie canadienne en ces temps de crise financière :

>> Il veut participer aux négociations internationales pour réformer le secteur financier mondial. Le sommet du G20 la fin de semaine dernière a donné le coup d'envoi à ces pourparlers. D'autres négociations auront lieu au début de l'année.

>> Il compte assurer la saine gestion des finances publiques. Le gouvernement fera tout pour éviter de retomber dans l'ornière des déficits permanents. Les dépenses de l'État seront examinées à la loupe.

>> Il entend encourager l'apprentissage de métiers spécialisés et la formation en entreprise d'autant qu'il existe une pénurie de main d'oeuvre dans certains secteurs

>> Il veut promouvoir l'investissement au Canada et le commerce à l'étranger en négociant de nouveaux accords de libre-échange en Europe, en Asie et dans les Amériques.

>> Enfin, il veut accroître l'efficacité du gouvernement en réduisant notamment les tracasseries administratives et en améliorant la gestion des programmes.

Dans le discours du Trône, le gouvernement Harper fait clairement savoir que l'économie sera sa priorité. Il propose d'ailleurs de travailler avec les provinces afin de créer une Commission nationale des valeurs mobilières, un projet auquel s'oppose farouchement le Québec.

«La crise du crédit a aussi fait ressortir les dangers d'un système de réglementation financière fragmenté. Pour resserrer davantage la surveillance des marchés financiers au Canada, notre gouvernement travaillera avec les provinces à la création d'une commission des valeurs mobilières communes», peut-on lire dans le discours du Trône.

Cela dit, le gouvernement Harper prend soin de réitérer certaines des promesses de la dernière campagne électorale, comme la réforme de certaines institutions canadiennes, notamment le Sénat. Il rappelle aussi son engagement d'imposer des peines plus sévères aux criminels dangereux.