(Québec) Le ministre de la Langue française, Jean-François Roberge, a corrigé le tir mardi après avoir laissé entendre que demander aux employeurs de verser des sommes supplémentaires pour la francisation en entreprise est une « proposition intéressante ». Il n’a pas l’intention de les faire payer davantage.

En commission parlementaire mardi, la députée de Québec solidaire, Ruba Ghazal, a questionné le ministre au sujet d’une proposition qu’elle lui a faite en début d’année. C’était dans l’espoir que cette proposition se retrouve dans le plan d’action sur la langue française du gouvernement dont La Presse vient de révéler une version quasi finale.

Elle veut qu’un programme de francisation obligatoire, payé par les entreprises et offert à leurs employés durant leurs heures de travail, soit instauré. Comme le rapportait La Presse Canadienne, ce programme pourrait s’inclure dans une certaine mesure à « la loi du 1 % », qui force les entreprises à investir l’équivalent de 1 % de leur masse salariale dans la formation de la main-d’œuvre. L’idée serait donc « d’ajouter une portion supplémentaire que les employeurs vont payer pour faire de la francisation au sein de leurs entreprises », disait Mme Ghazal.

La députée est revenue sur cette proposition lors de l’étude des crédits du ministère de la Langue française mardi. « Ce serait d’ajouter une mesure supplémentaire, je ne veux pas aller dans les technicalités, mais ça veut dire qu’il y aurait même des investissements ou de l’argent supplémentaire qui pourrait être donné par les employeurs pour la francisation en entreprise. Est-ce que [le ministre] trouve que c’est une bonne idée ? »

Pour Jean-François Roberge, « c’est une proposition intéressante ».

« Je n’en saurai pas plus pour aujourd’hui ? » a-t-elle demandé. Le ministre a répondu par la négative.

« Je vais avoir de belles surprises ? » a-t-elle insisté.

« Une surprise, c’est une surprise. Vous verrez la surprise au moment de la surprise. »

Ruba Ghazal est ravie de l’ouverture du ministre. « Je suis contente. Ça veut dire que le ministre et son gouvernement ne sont pas inquiets de mettre encore plus en colère le monde des affaires. »

Lors d’une mêlée de presse à la sortie de la commission parlementaire, Jean-François Roberge est resté évasif sur la proposition de Mme Ghazal, se limitant à dire que « c’est intéressant que tout le monde se mobilise pour la langue française ».

Il a néanmoins laissé entendre que l’on en saura davantage lors dévoilement du plan d’action – prévu dimanche pour le moment.

« C’est une proposition qui est intéressante, mais je ne suis pas à un moment aujourd’hui où je fais une annonce dans aucun domaine. On va annoncer le plan très bientôt », a-t-il affirmé.

Son cabinet a par la suite indiqué à La Presse que le gouvernement n’a aucunement l’intention de faire payer davantage les entreprises. Les propos du ministre ont été mal interprétés selon lui. Il a indiqué que le gouvernement envisage de nouvelles mesures pour la francisation en entreprise.

Cégep en français

« Nous sommes allés plus loin que quiconque »

Le ministre de la Langue française, Jean-François Roberge, soutient que son gouvernement est allé « plus loin que quiconque » en matière de protection du français au collégial et il n’est toujours pas prêt à étendre la loi 101 au cégep.

À l’occasion de l’étude des crédits du ministère de la Langue française, mardi, le ministre a rappelé que son gouvernement avait déjà plafonné le nombre et le pourcentage d’étudiants qui fréquentent un cégep anglophone, imposé des cours de français ainsi qu’une épreuve uniforme de français.

En réalité, dit-il, « la loi 101 touche maintenant les cégeps, les collèges », par le biais de ces mesures, a-t-il répondu au député péquiste Pascal Bérubé qui le questionnait à ce sujet.

« Il faut prendre le temps de mesurer cette avancée-là », a ajouté le ministre.

Il a aussi noté qu’aucun des gouvernements qui ont précédé le sien n’avait imposé les dispositions de la Charte de la langue française jusqu’au niveau collégial.

La Presse Canadienne