De Québec à Ottawa, découvrez ce qui a retenu l’attention de nos correspondants parlementaires cette semaine.

Écrivez à nos correspondants parlementaires

Des débats… fruités

L’art du débat est en constant renouvellement à Québec. Dans le contexte du controversé projet Northvolt en Montérégie, où le remblayage de milieux humides est en cours sur le terrain, François Legault a été questionné cette semaine sur un reportage de Radio-Canada, qui révélait que des arguments scientifiques évoqués par Québec pour rejeter un projet résidentiel sur le site avaient été mis de côté pour l’analyse du dossier de la future usine à batteries. « Il ne faut pas mélanger les pommes avec les oranges ou avec les bananes », a répliqué le premier ministre en route vers la période de questions, une banane et une orange dans les mains. « Ce n’est pas le jardin d’Éden ça, où Adam et Ève ont croqué la pomme », a dit plus tard Pierre Fitzgibbon. Mais pour la libérale Virginie Dufour, M. Legault aurait plutôt dû se promener avec un navet et un citron « parce que c’est ça, leur bilan en habitation ». Un point positif : les citoyens qui ont suivi ces débats n’ont pas lancé de tomates aux élus.

La citation de la semaine

On dirait presque un combat de rue entre fonctionnaires.

Les couteaux volent bas entre les bureaucrates et les hauts dirigeants de l’Agence des services frontaliers du Canada dans le scandale ArriveCAN, comme l’a constaté jeudi Irek Kusmierczyk, le député libéral de la région de Windsor, en Ontario.

Nouvelle offensive pour les retraités invalides

C’est passé sous le radar cette semaine, mais plusieurs groupes comme Les Invalides au front, Moelle épinière et motricité Québec et d’autres représentants des personnes vivant avec un handicap ont fait leur chemin jusqu’à l’Assemblée nationale pour demander au gouvernement Legault d’abolir les pénalités aux rentes de retraite des personnes aînées prestataires d’une rente d’invalidité. Des aînés invalides voient leur chèque de retraite réduit de 18 à 24 % par rapport à la rente régulière « comme s’ils avaient volontairement choisi une retraite anticipée », déplore-t-on. Le député solidaire Haroun Bouazzi a déposé mardi un projet de loi pour corriger « cette grave injustice ». C’est une bataille où l’opposition fait front commun. La députée libérale Linda Caron avait également déposé un projet de loi en ce sens en novembre. Le péquiste Joël Arseneau avait joint sa voix lors d’une offensive commune à l’approche de la mise à jour économique de l’automne dernier. L’opposition demande à Québec qu’il abandonne aussi son appel de la décision du Tribunal administratif du Québec qui a jugé cette situation discriminatoire.

Le chiffre de la semaine : 74,8 %

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

Manifestation du Front commun en novembre dernier, à Montréal

C’est la part des 420 000 travailleurs du Front commun intersyndical qui ont voté en faveur de l’entente intervenue avec le gouvernement Legault sur le renouvellement des conventions collectives. Les hausses salariales s’élèvent à 17,4 % en cinq ans, presque le double de l’offre de départ du gouvernement.

De vrais demandeurs d’asile ?

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Le député solidaire Guillaume Cliche-Rivard

À ceux qui s’étonnent de la provenance de certains demandeurs d’asile, comme du Mexique, le député solidaire Guillaume Cliche-Rivard a fait part d’une anecdote de son ancienne vie d’avocat en droit de l’immigration. « Avez-vous vu la situation LGBTQ+ au Sénégal ? […] Avez-vous vu les femmes veuves qui fuient les cartels de drogue qui ont assassiné leur époux ? J’ai représenté des dizaines de ces gens-là qui ont obtenu l’asile au Canada parce que leur vie était menacée », a-t-il dit. Il indique que plus de 70 % des demandes ont été acceptées en 2023, selon la Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada, mais la proportion est plus faible pour le Mexique (42 %). Le débat est ailleurs, croit l’élu, qui estime comme les autres partis que le Québec en fait « trop » et que le Canada doit mieux répartir les demandeurs d’asile dans chaque province.

Tensions sur l’accès à la pornographie

Le projet de loi du gouvernement Trudeau sur les préjudices en ligne n’a pas encore été déposé, mais déjà, il fait débat. D’un côté, le chef conservateur Pierre Poilievre a réaffirmé qu’il était en accord avec le fait d’exiger que les sites pornographiques vérifient l’âge des utilisateurs, ce qui va dans le sens du projet de loi S-210. Marrainée par la sénatrice Julie Miville-Dechêne, la mesure législative a été adoptée en décembre dernier, en dépit de l’opposition de la majorité des députés libéraux. De l’autre côté, Justin Trudeau s’est dit fermement opposé au fait que les adultes fournissent leurs informations personnelles à « des sites internet douteux », tout en reprochant à son adversaire de se prononcer sur une mesure législative dont il ignore le contenu. Portée par le ministre de la Justice Arif Virani, la Loi édictant la Loi sur les préjudices en ligne, modifiant le Code criminel, la Loi canadienne sur les droits de la personne et la Loi concernant la déclaration obligatoire de la pornographie juvénile sur l’internet par les personnes qui fournissent des services internet et apportant des modifications corrélatives et connexes à d’autres lois a été inscrite au feuilleton et doit être présentée la semaine prochaine.