Steven Guilbeault accuse Danielle Smith d’avoir incité à la violence

(Ottawa) « Irresponsable et dangereux ». C’est en ces mots que le ministre Steven Guilbeault a réagi jeudi aux propos de la première ministre de l’Alberta, Danielle Smith. Elle avait demandé la veille à l’animateur américain de droite Tucker Carlson de mettre le ministre de l’Environnement « dans sa ligne de mire » parce qu’elle veut le faire congédier.

« Ce n’est pas n’importe qui qui l’a invité, c’est Danielle Smith qui l’a invité, qui lui a dit pouvez-vous mettre une cible sur le dos de Steven Guilbeault, le ministre de l’Environnement parce que moi je ne suis pas d’accord avec lui », s’est-il indigné à la sortie d’une rencontre du caucus québécois des libéraux.

La GRC devra évaluer s’il aura besoin d’une d’une sécurité accrue. Le ministre a rappelé que « l’animateur de télé déchu parce qu’il a menti sur les ondes » avait « attisé les braises aux États-Unis qui ont mené à l’invasion du Capitole le 6 janvier ».

Peu de temps après, M. Guilbeault était aux côtés des ministres Pascale St-Onge, Pablo Rodriguez et Randy Boissonault pour dénoncer à nouveau les propos de Danielle Smith, ceux de Tucker Carlson et inviter le chef conservateur Pierre Poilievre à condamner ces propos.

L’ex-animateur de Fox News était de passage à Calgary la veille dans le cadre de sa tournée Ennemi juré pour « libérer le Canada ». Il a déjà affirmé à plusieurs reprises que le Canada sous le gouvernement de Justin Trudeau était devenu une dictature. Plus de 4000 personnes avaient acheté des billets pour l’entendre, selon le Calgary Herald.

La première ministre Danielle Smith lui a accordé une entrevue d’environ 16 minutes durant laquelle elle a surtout abordé l’enjeu de la politique énergétique. Elle a alors encouragé l’animateur à diriger sa colère vers le ministre Guilbeault. M^me Smith s’oppose vertement à la taxe sur le carbone et aux autres mesures mises de l’avant par Ottawa pour lutter contre les changements climatiques en raison de leur effet négatif sur l’industrie du pétrole dans sa province.

« J’aimerais que vous mettiez Steven Guilbeault dans votre ligne de mire », a-t-elle dit à l’animateur qui compte plus de 11 millions d’abonnés sur X, selon ce qu’a rapporté le Calgary Herald.

« Je tente de le faire congédier et j’aimerais beaucoup votre aide », a-t-elle ajouté selon le compte-rendu de Politico. Le média axé sur la couverture politique a également souligné que M. Carlson a affirmé qu’il avait vu Montréal être « nettoyé de son héritage anglo-saxon » et que ses blagues anti-LGBTQ+ont suscité des applaudissements.

« C’est absolument déplorable d’avoir des politiciens conservateurs canadiens qui invitent l’extrême droite américaine ici au Canada », a lancé la ministre du Patrimoine canadien, Pascale St-Onge. Elle a déploré les propos envers les francophones au Québec. « On ne se laissera pas faire », s’est-elle exclamée.

Le ministre des Langues officielles, Randy Boissonneault a également dénoncé les propos haineux de Tucker Carlson envers la communauté LGBTQ+.

« Il y a une continuité qu’on voit ici des propos de Pierre Poilievre la semaine dernière lorsqu’il est venu insulter les élus québécois, a ajouté le ministre des Transports, Pablo Rodriguez. On ne se demande plus si la politique d’extrême droite américaine va venir chez nous. Elle est chez nous. »

Le chef conservateur n’avait pas réagi au moment de la publication. Danielle Smith, pour sa part, s’est défendue d’avoir incité à la violence.

« Le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault, continue de promouvoir des politiques extrêmes dangereuses et au détriment de la santé, de la sécurité et de l’économie des Albertains », a répondu l’attaché de presse de la première ministre, Sam Blackett, tout en appelant au congédiement de M. Guilbeault.

« C’est incroyablement hypocrite que le ministre Guilbeault sous-entende faussement que la première ministre a incité à la violence contre lui compte tenu de ses actions passées irresponsables et dangereuses, notamment l’escalade de la maison du premier ministre de l’Alberta, Ralph Klein, qui avait terrifié sa famille », a-t-il ajouté.

Des activistes de Greenpeace habillés en combinaisons oranges avaient grimpé sur le toit de sa résidence en 2002 pour y installer un panneau solaire.