(Ottawa) Les conservateurs ont trouvé un allié inattendu dans le Nouveau Parti démocratique (NPD) qui a appuyé leur motion pour étendre la suspension de la taxe carbone sur tous les types de chauffage résidentiel. Les libéraux et le Bloc québécois l’ont toutefois battue. Le gouvernement n’a pas l’intention de céder, malgré la pression des premiers ministres provinciaux.

À l’issue du vote, le chef du Parti conservateur, Pierre Poilievre, a accusé Justin Trudeau « d’être entré dans une coalition coûteuse avec les séparatistes afin d’imposer une taxe sur les Canadiens et de diviser notre pays ».

Il ne s’est pas engagé à respecter la cible de réduction des gaz à effet de serre d’ici 2030, s’il était porté au pouvoir. Le gouvernement veut réduire ses émissions de 40 % sous les niveaux de 2005 d’ici 2030 et atteindre la carboneutralité d’ici 2050.

Les conservateurs veulent abolir la taxe sur le carbone et miser sur la technologie pour réduire les émissions dans l’air. Ils donneraient le feu vert à des projets de petits réacteurs nucléaires, de barrages hydroélectriques et l’utilisation de l’énergie des marées.

La motion des conservateurs a été rejetée par 186 députés libéraux, bloquistes et verts contre 135 conservateurs et néo-démocrates qui ont voté pour. Les conservateurs et les néo-démocrates accusent le gouvernement de diviser les Canadiens en donnant une exemption de la taxe sur le carbone qui favorise les résidants des quatre provinces de l’Atlantique, où près du tiers de la population se chauffe au mazout l’hiver.

« On ne soutiendra pas une manœuvre des conservateurs dont l’impact environnemental est négatif », avait affirmé le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, avant le vote. La taxe sur le carbone ne s’applique pas au Québec, qui a déjà sa propre bourse du carbone avec la Californie depuis dix ans.

Le chef néo-démocrate Jagmeet Singh s’est défendu de soutenir une motion qui affaiblirait encore davantage la taxe sur le carbone dont l’objectif est de réduire les émissions de gaz à effet de serre.

C’est un vote contre la proposition des libéraux qui divise. On n’appuie pas l’approche des conservateurs qui n’ont pas de plan pour faire face à la crise climatique.

le chef du NPD, Jagmeet Singh

Il propose plutôt d’éliminer la taxe de vente sur les produits et services (TPS) sur le chauffage domestique, une mesure qui ne favoriserait pas une région au détriment d’une autre.

Les premiers ministres des provinces réunis à Halifax, en Nouvelle-Écosse, ont accentué la pression sur le gouvernement fédéral. Ils demandent à ce que « tous les Canadiens soient traités équitablement » face à la crise du coût de la vie. Le premier ministre François Legault n’y a pas participé. Il a été remplacé par le ministre responsable des Relations canadiennes, Jean-François Roberge.

« Nous n’allons pas nous faire dévier », a averti le ministre Dominic LeBlanc en point de presse. Il n’y aura donc pas d’autres exemptions.