(Ottawa) Après TikTok, WeChat : le réseau social chinois qui a servi de véhicule pour semer de la désinformation au sujet du député Michael Chong a été banni des appareils mobiles du gouvernement. Il en va de même pour Kaspersky, un antivirus russe.

« La dirigeante principale de l’information du Canada a déterminé que la suite d’applications WeChat et Kaspersky présentait un niveau de risque inacceptable pour la vie privée et la sécurité », a-t-on annoncé par communiqué, lundi.

Car leurs méthodes de collecte de données procurent « un accès considérable au contenu de celui-ci », a-t-on ajouté, en signalant que l’on n’a « aucune raison de croire que des renseignements du gouvernement ont été compromis ».

Il est donc dorénavant impossible d’y accéder à partir des appareils mobiles du gouvernement.

« Nous adoptons une approche fondée sur les risques en matière de cybersécurité en supprimant l’accès à ces applications sur les appareils mobiles du gouvernement », a déclaré la présidente du Conseil du Trésor, Anita Anand.

Le fédéral a annoncé en février dernier le bannissement de l’application du réseau social TikTok, développée en Chine, des appareils mobiles du gouvernement du Canada. Cette décision avait été rapidement copiée à Québec.

Le bureau du ministre québécois de la Cybersécurité et du Numérique, Éric Caire, n’a pas dit s’il emboîterait le pas dans le cas de WeChat ou de Kaspersky, lundi.

WeChat a ciblé le député Michael Chong

C’est sur la plateforme WeChat que le député conservateur Michael Chong a été ciblé par une campagne de désinformation.

PHOTO ADRIAN WYLD, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Michael Chong

« L’opération menée entre le 4 et le 13 mai 2023 coïncidait avec la décision du Canada de déclarer un diplomate chinois persona non grata, après quoi la Chine avait elle-même désigné un diplomate canadien comme persona non grata en guise de représailles », selon Affaires mondiales Canada.

L’essentiel de l’opération « a consisté à diffuser des informations fausses sur son identité, y compris des commentaires et des affirmations sur ses antécédents, ses positions politiques et son patrimoine familial », toujours d’après ce que le Ministère a diffusé en août dernier.

Propriété du géant technologique Tencent, WeChat, un équivalent de X, est l’une des applications les plus populaires en Chine.

Dans un rapport publié en 2020, le Citizen Lab a détaillé comment l’application « effectuait une surveillance des images et des fichiers partagés sur la plateforme et utilisait le contenu surveillé pour former des algorithmes de censure ».

Oui pour WeChat, questions sur Kaspersky

Spécialiste de la cybersécurité, Steve Waterhouse aimerait davantage d’informations sur les motifs derrière les décisions du fédéral.

Celle touchant WeChat lui semble compréhensible : « WeChat, TikTok, Temu : pour toutes les applications chinoises, il y a toujours ce doute qui persiste, parce que ça sert à cibler des diasporas à l’extérieur de la Chine, et cumuler de l’information ».

Mais Kaspersky ?

Le gouvernement des États-Unis a banni l’utilisation de ce logiciel antivirus dans ses systèmes d’information, en 2017, en raison de préoccupations sur les liens entre son président-directeur général, Eugene Kaspersky, et le gouvernement russe.

« On est en 2023. Qu’est-ce qui fait que le Canada décide de les mettre dehors ? », note M. Waterhouse, qui se demande également ce qu’il advient des ordinateurs de bureau, plus susceptibles d’être équipés de cet antivirus.

WeChat et Kaspersky, c’est quoi ?

  • Elon Musk, propriétaire de X, voit WeChat comme un modèle. « Utilisée par pratiquement toute la population chinoise (1,3 milliard d’utilisateurs dans le monde), l’application est souvent décrite comme une super application », expliquait BFMTV en juillet dernier.
  • Portant le nom de famille de son fondateur, Kaspersky fournit des logiciels antivirus. Ils ont été bannis aux États-Unis en 2017.