(Saint-Paulin) Face à la montée du Parti québécois dans les sondages, Marc Tanguay affirme que l’option souverainiste est « juste dépassée » et que le « beau risque » de René Lévesque dans les années 80 s’est réalisé. Il appelle ses troupes à « reprendre le bâton du pèlerin » et à être plus « revendicateurs » devant Ottawa, alors que François Legault, juge-t-il, n’a que de minces gains face au fédéral.

« René Lévesque a dit : je vais donner une chance au fédéral. En donnant une chance au fédéral, le beau risque, c’était de dire si ça marche, notre option [ne] sera plus valide, ou on va démontrer qu’elle ne tient pas la route. Je pense que le beau risque de René Lévesque s’est réalisé », a déclaré le chef par intérim du Parti libéral du Québec (PLQ), mardi, en référence à l’expression utilisée par l’ancien premier ministre péquiste, après l’élection des conservateurs en 1984, pour négocier un fédéralisme renouvelé. Cette démarche mènera aux échecs des accords du lac Meech et de Charlottetown.

« Le Québec a su se réaliser au sein de la fédération canadienne. […] C’est une des meilleures sociétés qui s’est développée dans les cinquante, soixante dernières années. Ça ne veut pas dire qu’on reste passif face à Ottawa. Faut être actif. Nous, les libéraux, faut reprendre le bâton du pèlerin. Faut être revendicateurs », a enchaîné M. Tanguay en ce début de caucus présessionnel en Mauricie.

Au plus bas dans les sondages auprès des électeurs francophones, le chef par intérim est convaincu que son parti saura attirer des candidats pour se présenter à sa prochaine course à la direction. Au cours des dernières semaines, toutefois, plusieurs candidats pressentis ont annoncé qu’ils passeraient leur tour. André Fortin, Monsef Derraji, Marwah Rizqy et Marc Tanguay ont renoncé à faire le saut.

« Je suis confiant qu’on aura une véritable course. La véritable course va commencer quand le parti va nous donner le calendrier, [quand il] va nous donner les règles. Là, on pourra dire sur le coup de départ qui est là », a dit M. Tanguay. Les règles de la course devraient être annoncées en octobre.

Beauchemin en tournée

D’ici là, au caucus libéral, le seul député qui laisse toujours planer le doute sur une participation potentielle à la course est Frédéric Beauchemin. Élu de la circonscription de Marguerite-Bourgeoys à Montréal et ancien directeur général et chef des marchés capitaux à la Banque Scotia, il a payé de sa poche cet été une tournée des régions du Québec.

PHOTO RYAN REMIORZ, LA PRESSE CANADIENNE

D’ici là, au caucus libéral, le seul député qui laisse toujours planer le doute sur une participation potentielle à la course est Frédéric Beauchemin.

« Faut l’occuper l’espace, on est en 2023. Alors je me suis promené en 2023 parce qu’il faut qu’on démontre que les libéraux sont sur le terrain, pas juste pendant une année d’élection. Faut être là tout le temps. Et by the way, je pense que j’étais un peu le seul. Les autres partis étaient absents », a-t-il dit.

M. Beauchemin attend que le parti dévoile les règles de la course avant d’annoncer sa candidature, mais il compte déjà sur une petite équipe pour l’aider sur le terrain. Il a préparé cet été un cartable de questions, puisées à partir de ses rencontres dans les régions auprès des maires et des chambres de commerce, pour interpeller le gouvernement à son retour au Salon bleu.

« La rondelle, la puck, est en plein milieu de la patinoire. Elle est libre. Ce que je veux, c’est qu’on saute dessus au Parti libéral pour qu’on puisse s’assurer de bien représenter les régions », a-t-il affirmé.

Priorité au coût de la vie

Au cours de l’automne, l’opposition officielle entend questionner le gouvernement sur les thèmes du coût de la vie, du logement, des services essentiels et de l’économie. Elle tentera aussi de retrouver le siège de Jean-Talon, à Québec, alors que l’ancien château fort libéral sera en élection le 2 octobre prochain en raison de la démission de la caquiste Joëlle Boutin.

Interpellé sur les hausses successives du taux directeur, Marc Tanguay a déploré que François Legault ait refusé mercredi d’écrire à la Banque du Canada, comme l’ont fait ses homologues de l’Ontario et de la Colombie-Britannique, pour s’opposer à une nouvelle augmentation des taux d’intérêt. « François Legault a une opinion qu’il pourrait envoyer. Ça pourrait aider dans le débat », a soutenu M. Tanguay. Le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, croit aussi que le premier ministre devrait exprimer son opposition.

Le porte-parole libéral en matière de finances, Frédéric Beauchemin, a pour sa part offert une opinion divergente. « Je pense que le gouverneur de la banque centrale va faire ce qu’il veut de son propre chef […]. Il ne sera pas influencé par n’importe quelle lettre qui lui sera envoyée, c’est sûr et certain », a-t-il déclaré.

Pour sa part, lors d’une annonce économique à Granby, le premier ministre Legault a affirmé que « la Banque du Canada a des objectifs pour être capable de contrôler l’inflation » et qu’elle « s’arrime, qu’on le veuille ou non, avec les décisions qui sont prises par la Réserve fédérale aux États-Unis ».

« Je ne pense pas que ça soit une bonne idée […] d’aller se mettre les deux mains dans les décisions de la Banque du Canada », a-t-il dit.