De Québec à Ottawa, découvrez ce qui a retenu l’attention de nos correspondants parlementaires cette semaine.

Écrivez à nos correspondants parlementaires

Bonne semaine

Michael Chong, député conservateur

Michael Chong n’a pas obtenu justice, mais il a au moins eu la satisfaction de connaître la vérité. Le député conservateur a appris que Pékin a orchestré une campagne de menaces contre sa famille qui habite à Hong Kong. Un diplomate du consulat de Chine à Toronto pilotait cette opération. Le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) a découvert cette manœuvre en 2021, mais elle est restée confidentielle jusqu’à ce que le Globe & Mail en parle au début de la semaine. M. Chong a bien récupéré cette attaque. Le conservateur a mis le gouvernement Trudeau sur la défensive, en demandant pourquoi l’affaire était restée secrète. Et il en a aussi profité pour relancer son excellente idée de créer un registre des agents étrangers.

Paul Journet, La Presse

Dure semaine

Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie et ministre responsable du Développement économique régional

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon

La mauvaise semaine de Pierre Fitzgibbon doit être comprise dans le sens le plus subjectif du terme. Il n’a pas été objectivement mauvais, loin de là. C’est juste qu’il a dû trouver que les journées passaient lentement… On le sait, il ne raffole pas du travail parlementaire. Or, à titre de superministre, durant l’étude des crédits, il a dû répondre pendant 10 heures aux questions de l’opposition au sujet de la métropole, de l’énergie et du développement économique, puis fait le point chaque fois avec les médias qui l’attendaient pour l’après-match. Il l’a fait avec son habituel style direct et clair. Et sans gaffes. Il reste qu’il devait avoir hâte de retourner parler d’investissements économiques, loin des caméras.

Paul Journet, La Presse

Chiffre de la semaine

2 milliards

Le gouvernement libéral a inscrit le supplément du transfert en santé deux fois plutôt qu’une dans des projets de loi distincts. Si C-46 et C-47 sont adoptés tels quels, la ministre des Finances, Chrystia Freeland, aurait l’autorité de verser le double aux provinces à condition qu’elle le souhaite. Loin de reconnaître leur erreur, les libéraux parlent plutôt d’une manœuvre qui était voulue pour s’assurer que la mesure soit adoptée le plus rapidement possible. Cette version ne convainc pas le Bloc québécois, qui prend le gouvernement au mot et voit une belle occasion de doubler ce supplément.

La période des questions

Y a-t-il une halte-garderie à venir sur la colline parlementaire ?

Michel Legros

La conciliation travail-famille gagne en considération à Québec. Un projet-pilote, dont le coût n’a pas été précisé, a reçu le feu vert à Québec : une halte-garderie est en train d’être aménagée. Elle se situera dans l’édifice André-Laurendeau, derrière le parlement. Les travaux devraient se terminer à l’été. La date d’ouverture n’a pas été fixée, et sera déterminée « selon la disponibilité de la main-d’œuvre », précise l’Assemblée nationale. On accueillerait 10 enfants âgés de 10 ans et moins, dont un maximum de 4 poupons. Pour ce projet-pilote, le service ne sera offert qu’aux députés, au personnel politique et administratif. « Il est souhaité que les heures d’ouverture de la halte-garderie suivent l’horaire des travaux parlementaires », explique-t-on tout en soulignant qu’une halte-garderie « est un service de garde occasionnel et non un service de garde permanent ». Le tarif sera déterminé plus tard. Des élus se sont présentés au parlement avec leur bébé au cours des dernières années (l’ex-députée Émilise Lessard-Therrien et le couple formé des libéraux Marwah Rizqy et Gregory Kelley).

Soumettez votre question

Mot de la semaine

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Nathalie Roy, présidente de l’Assemblée nationale du Québec

Brouillon

Au Salon bleu, les libéraux prennent un malin plaisir à marteler l’épithète « brouillon » pour qualifier le gouvernement Legault. Dans le dossier du troisième lien comme d’autres. Leur stratégie a fait mouche. Excédé, le leader parlementaire caquiste, Simon Jolin-Barrette, a demandé à la présidente Nathalie Roy « de mettre le mot à l’index » car il est utilisé « d’une façon qui est blessante ». Elle a refusé de le faire, du moins pour l’instant. Elle a demandé aux libéraux de l’employer « avec parcimonie pour qu’il ne soit pas retiré ».

Plus de 400 mots à l’index

Le « mot de la semaine » est le prétexte tout désigné de revenir sur le lexique des « propos non parlementaires » ! Plus de 400 mots ou expressions sont mis à l’index à l’Assemblée nationale. La présidente Nathalie Roy n’a fait aucun ajout à ce dictionnaire des paroles interdites en Chambre depuis son entrée en poste à la suite des élections de 2022. Son prédécesseur François Paradis a quant à lui grossi le lexique d’une vingtaine de mots au cours du premier mandat caquiste. Parmi eux : « boss des bécosses », « boniche », « goon », « foutaise », « enfantillage », « rouler le monde dans la farine », « faire peur aux Québécois » et « réformes jolin-barrettées » (vous avez bien lu, cela signifierait de mener un projet en fonçant tête baissée !).

Du côté d’Ottawa

PHOTO JOËL-DENIS BELLAVANCE, LA PRESSE

Affiche annonçant la salle de prière au congrès du PLC

« Une petite prière » avant la campagne

Les libéraux de Justin Trudeau ne ménagent aucun effort pour satisfaire les militants de toutes les origines et de toutes les croyances. Au congrès national du parti qui se termine samedi, à Ottawa, les dirigeants ont cru bon de réserver une salle à ceux qui ressentent le besoin… de prier. Une première dans l’histoire des congrès politiques. L’aménagement d’une telle salle a tout de même fait sourciller certains militants du Québec. « Une petite prière avant de partir en campagne électorale », a ironisé un militant libéral.

Ça chauffe aux Communes !

Décidément, les conservateurs jouent avec les nerfs du président de la Chambre des communes avec leurs coups d’éclat dans le dossier de l’ingérence chinoise. Anthony Rota n’est pourtant pas reconnu pour être le plus sévère. D’abord, le chef conservateur, Pierre Poilievre, est passé à un cheveu de se faire expulser. Puis, deux députés conservateurs ont perdu leur droit de parole après avoir traité le ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino, de menteur. Ils refusaient de s’excuser. « Je ne veux pas me rendre en juin avec un asile de fous et je suis désolé si “asile de fous” n’est pas un mot parlementaire, mais c’est exactement à quoi ça ressemble », a déploré M. Rota jeudi. C’était la deuxième fois cette semaine qu’il s’excusait d’utiliser un langage proscrit.

Du côté de Québec

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Geneviève Guilbault, vice-première ministre et ministre des Transports et de la Mobilité durable

Guilbault présente des excuses

La vice-première ministre Geneviève Guilbault a présenté des excuses cette semaine pour avoir joué à un jeu durant l’étude des crédits de son ministère, les Transports. Elle a glissé des mots insolites dans son discours pour marquer des points. Des exemples : « wintérisation », « équanimité » et « croquignolesque ». Elle s’est fait prendre en raison d’une publication sur ses réseaux sociaux la montrant avec, sur son pupitre, un document intitulé « Défi-Crédits 2023 » et contenant une liste de mots. « S’il y a des gens qui ont pu considérer que c’était inapproprié, je veux m’en excuser, ou que ça manquait de jugement, ce n’était absolument pas l’objectif », a-t-elle affirmé. La ministre est allée jusqu’à dire qu’elle a joué à ce jeu « par pur amour de la langue française ». Wintérisation est un anglicisme.

Faire baisser la tension

Le leader parlementaire du gouvernement, Simon Jolin-Barrette, a trouvé un moyen de faire baisser la tension d’un cran au Salon bleu mercredi. La libérale Marwah Rizqy talonnait le ministre Jonatan Julien sur le fameux coût du nouveau projet de tunnel de transport collectif. Devant l’absence de réponse, elle y est allée d’une envolée bien sentie affirmant qu’il « faudrait faire une quatrième élection basée sur une fausse promesse » pour découvrir le montant – la CAQ promet un troisième lien entre Québec et Lévis depuis 2014. « Je constate que c’est le député de Jacques-Cartier [Greg Kelley] qui a fait la nuit ! », a lâché M. Jolin-Barrette lors de son intervention, provoquant des éclats de rire des deux côtés de la Chambre, y compris de la principale intéressée. Greg Kelley et Marwah Rizqy forment un couple et sont nouvellement parents.