(Québec) Le chef du Parti conservateur du Québec, Éric Duhaime, fait goûter au ministre Éric Caire sa propre médecine : il lance une pétition réclamant sa démission après le recul du gouvernement Legault sur sa promesse électorale de troisième lien autoroutier. Le leader péquiste Paul St-Pierre Plamondon demande quant à lui des excuses officielles du premier ministre François Legault pour bris d’engagement.

Éric Duhaime a annoncé lundi le lancement de la pétition, devant le bureau d’Éric Caire à Québec. Sa stratégie permet également à son parti de raffiner sa base de données en connaissant l’identité des électeurs de La Peltrie en colère contre leur député caquiste.

Éric Caire a « choisi la limousine » et « trahi la population », a soutenu le chef conservateur, tout en rappelant que le ministre disait lui-même la semaine dernière laisser « les électeurs décider de la suite des choses » quant à ce que « vaut [sa] parole ».

En 2011, à l’époque où il était député adéquiste, Éric Caire avait déposé à l’Assemblée nationale un projet de loi « sur la révocation d’un député ». L’objectif était de permettre aux électeurs d’une circonscription de lancer une pétition pour montrer la porte à leur député.

Si une majorité absolue (50 % plus un) des électeurs inscrits de la circonscription signent la pétition durant une période de 60 jours, « le député est révoqué […], le député perd son siège, et on va en élections partielles », expliquait Éric Caire à l’époque.

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Éric Duhaime

« C’est une mesure de contrôle qui est simple et qui serait de nature à changer complètement la dynamique entre l’électeur et l’élu, parce qu’entre deux élections générales, vous comprendrez qu’un député est libre de faire à peu près tout ce qu’il veut », ajoutait-il. « Ce que le projet de loi veut, c’est que le juge ultime, c’est l’électeur, pas le chef du parti qui, lui, contrôle son caucus comme il veut, quand il veut, pour les amener où il veut. »

Lundi, Éric Duhaime a annoncé le lancement d’une pétition à peu près selon les mêmes conditions que celles prévues au projet de loi d’Éric Caire. Son objectif est donc de recueillir environ 30 000 signatures d’électeurs de La Peltrie en 60 jours. Évidemment, cette pétition ne pourrait mener à la révocation de M. Caire puisqu’une telle démarche n’est pas reconnue légalement. C’est essentiellement un moyen de pression, mais aussi une façon pour le PCQ de cibler les électeurs mécontents en vue d’un prochain scrutin.

Des militants conservateurs feront du porte-à-porte dans La Peltrie afin de recueillir des signatures. Un site web sera lancé.

Dès la semaine dernière, une pétition a été lancée par des citoyens de la circonscription pour demander la démission d’Éric Caire. L’instigateur est Jim Légaré, qui a appuyé le PCQ aux dernières élections. Quelque 7165 personnes l’ont signée jusqu’ici.

Durant la fin de semaine, Éric Duhaime a envoyé une lettre à 14 des 16 députés caquistes des régions de Québec et de Chaudière-Appalaches - sauf M. Caire et Geneviève Guilbault - pour tenter de les convaincre de se joindre à son parti.

Le PQ veut des excuses de Legault

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Paul St-Pierre Plamondon

De son côté, le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, a annoncé son intention de déposer un projet de loi afin de permettre la révocation d’un député « en cas d’abus de confiance majeur et de rupture d’un engagement solennel avec les électeurs ».

Rappelons qu’Éric Caire avait mis son siège en jeu concernant le troisième lien. Il s’était engagé à démissionner si son parti reculait. Il se disait prêt à se battre jusqu’à sa « dernière goutte de sang » pour mener à bien le dossier.

Paul St-Pierre Plamondon demande également au premier ministre François Legault de « s’adresser formellement aux Québécois pour leur offrir des excuses officielles pour une promesse électorale qui n’avait d’autre objectif que d’accéder et garder le pouvoir : celle du troisième lien ».