(Ottawa) Contrairement au chef conservateur Pierre Poilievre, qui s’est demandé dans une lettre au ton narquois si l’ancien gouverneur général David Johnston avait l’indépendance requise pour accomplir son mandat de rapporteur spécial sur l’ingérence chinoise, Justin Trudeau a assuré qu’il n’en doutait aucunement.

« Je continue à avoir confiance en lui », a déclaré le premier ministre en conférence de presse à Winnipeg, mercredi, lorsqu’on lui a demandé si le fait que David Johnston était membre de la Fondation Pierre Elliott Trudeau pouvait susciter des questions sur sa capacité à réaliser ses travaux.

Car « il est un homme irréprochable avec la capacité et le dévouement » faisant de lui « la parfaite personne pour regarder ces enjeux compliqués d’ingérence à l’intérieur de notre système politique », a-t-il fait valoir au micro.

PHOTO SEAN KILPATRICK, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

David Johnston

Dans sa réponse en anglais, il a dénoncé le « sarcasme » dont le chef de l’opposition officielle fait preuve en ce qui concerne ces « enjeux sérieux », une attitude qui ne « fait pas honneur » ni à lui ni aux questions sur l’ingérence étrangère.

En matinée, Pierre Poilievre a publié sur les réseaux sociaux une brève lettre à l’intention de David Johnston, en utilisant des guillemets pour son titre de « Rapporteur ».

« Expliquez ceci : Comment allez-vous enquêter sur le don de Pékin à la Fondation Trudeau alors que vous faisiez partie de la Fondation Trudeau ? J’attends votre réponse », lit-on dans cette missive qui est signée par le chef, mais qui ne contient pas d’adresse précise.

Le premier ministre Trudeau a confié à David Johnston le mandat de déterminer si une enquête publique sur l’ingérence étrangère dans les élections doit être déclenchée ou pas. L’ancien gouverneur général a jusqu’au 23 mai pour formuler ses recommandations.

Crise à la Fondation Trudeau

Une autre tuile s’est abattue sur Justin Trudeau, mardi, alors que huit membres du conseil d’administration, quatre membres de la haute direction et six mentors ont démissionné en bloc de la Fondation à cause de questions majeures « d’éthique » soulevées par le « don chinois » fait à la fondation en 2016 et 2017.

Bien que la raison invoquée par la Fondation dans le communiqué officiel soit la « politisation » du don de la Chine, La Presse a pu confirmer auprès de cinq personnes ayant quitté leur fonction que c’est une crise à l’interne qui est à l’origine de ces démissions en bloc.

Le premier ministre a répété mercredi qu’il n’était plus impliqué à la Fondation qui porte le nom de son père depuis son élection à la tête du Parti libéral, en 2013. L’organisation pourrait-elle abandonner le nom Trudeau pour repartir à neuf ?

C’est à eux de le décider, a répondu Justin Trudeau : « Je sais qu’il y a des réflexions et des questions qui se posent en ce moment, mais c’est la Fondation elle-même qui doit être chargée de répondre et de figurer comment avancer ».

Avec Katia Gagnon, La Presse