(Ottawa) La nomination de la belle-sœur du ministre Dominic LeBlanc au poste de commissaire aux conflits d’intérêts et à l’éthique par intérim ne passe pas le test de l’indépendance, dénonce l’opposition officielle.

Le gouvernement Trudeau a désigné plus tôt cette semaine à ce poste, de façon intérimaire, Martine Richard, qui est la sœur de la femme du ministre Dominic LeBlanc. Dans les banquettes conservatrices, on a décrié la nomination pour son caractère partisan.

« On peut presque imaginer la conversation entre le ministre libéral des Affaires intergouvernementales, qui a été reconnu coupable d’avoir enfreint la Loi sur les conflits d’intérêts, et le premier ministre, qui a violé la Loi deux fois », s’est moqué le chef conservateur Pierre Poilievre à la période des questions, jeudi.

« Ils se disent : “Comment pourrions-nous arrêter d’être reconnus coupables ? Je sais ! En nommant ma belle-sœur commissaire à l’éthique ! Quel plan ! C’est béton !". Le problème, c’est que bientôt, ils seront à court d’amis et de membres de la famille », a-t-il raillé, déclenchant des rires dans ses banquettes.

Le leader du gouvernement libéral à la Chambre des communes, Mark Holland, s’est porté à la défense de la sélection de Mme Richard, arguant que celle-ci était à l’emploi du commissariat depuis 10 ans, et qu’elle a été choisie par le gouvernement conservateur de Stephen Harper.

« Il y a des places pour roder des spectacles d’humour, je crois que ce n’est pas dans l’enceinte de la Chambre des communes », a-t-il aussi fait valoir.

Le Bloc québécois n’a été guère plus impressionné par la nomination de la belle-sœur du ministre LeBlanc, qui est lui-même un ami de longue date de Justin Trudeau.

« S’il y a bien une fonction qui se doit d’être exempte de toute apparence de conflit d’intérêts, c’est bien celle-là. Les libéraux ne respectent de toute évidence pas ces standards avec ce choix et portent eux-mêmes ombrage à l’indépendance du poste », a critiqué le député René Villemure.

Plusieurs blâmes de l’ancien commissaire

Le poste de commissaire est vacant depuis le départ de Mario Dion, le 21 février dernier, pour des raisons de santé. Nommé par le gouvernement Trudeau, il était en selle à titre d’agent indépendant du Parlement depuis cinq ans.

Pendant son mandat, il a tapé sur les doigts de plusieurs ministres libéraux, dont Justin Trudeau lui-même, qu’il a sévèrement blâmé en 2019 pour avoir exercé des pressions inappropriées sur la ministre de la Justice, Jody Wilson-Raybould, dans l’affaire SNC-Lavalin.

Ont aussi été épinglés la ministre Mary Ng, qui a octroyé des contrats à la firme de relations publiques de son amie Amanda Alvaro, et le ministre Dominic LeBlanc, qui s’est placé en situation de conflits d’intérêts en approuvant un permis de pêche à une entreprise qui employait un cousin de sa femme.

En même temps qu’il a fustigé la nomination de Martine Richard, le chef conservateur s’en est encore pris à celle de l’ancien gouverneur général David Johnston. Car cet « ami de la famille » Trudeau n’a pas non plus l’indépendance requise pour le mandat de rapporteur sur l’ingérence qu’on lui a confié, selon le leader.