(Québec) Un ancien conseiller politique de François Legault, qui a travaillé sur le projet gouvernemental d’une réforme du mode de scrutin, déplore que d’anciens collègues « ont travaillé fort pour que cette réforme-là échoue ». Jean-Benoit Ratté et des groupes étudiants invitent désormais la population à manifester son intérêt pour que le sujet revienne à l’ordre du jour.

Pendant la campagne électorale, le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, a affirmé que le débat sur une réforme du mode de scrutin n’intéressait que des « intellectuels ». Un sondage réalisé par la firme Léger démontrait toutefois que 53 % des répondants se sont prononcés en faveur.

M. Ratté a travaillé pendant le premier mandat de la CAQ au gouvernement au sein du ministère du Conseil exécutif, c’est-à-dire le ministère du premier ministre. Il a quitté son poste quelque temps après avoir été informé, au printemps 2021, que le projet de loi 39 déposé par la ministre Sonia LeBel – qui prévoyait soumettre aux électeurs par voie référendaire l’opportunité d’adopter un mode de scrutin mixte avec compensation régionale – était abandonné.

Selon lui, « des gens se sont convaincus qu’il valait mieux favoriser les intérêts partisans de la CAQ plutôt que l’avenir de la démocratie québécoise ».

« Non seulement ça aurait passé, on aurait eu un référendum aux dernières élections et on avait des chiffres qui démontraient qu’on aurait gagné le référendum », a-t-il dit mardi lors d’un point de presse à Québec.

Manifestation le mardi 29 novembre

M. Ratté, désormais conseiller en affaires publiques et militant au sein de l’organisme Mouvement pour une démocratie nouvelle (MDN), était accompagné du groupe La mobilisation citoyenne pour une réforme du scrutin (MCRS), ainsi que des fédérations étudiantes collégiales et universitaires pour inviter les citoyens à manifester devant le parlement, le mardi 29 novembre, jour de rentrée parlementaire.

« Je ne peux pas vous dire on va être combien, mais je pense qu’on va être pas mal plus que 200. Mais [la question du nombre de manifestants], c’est un argument de Legault pour détourner la question. Ce n’est pas une vérité que [la réforme du mode de scrutin] n’intéresse personne. Ça intéresse les gens, les gens en parlent », a plaidé le représentant du MCRS, Maël Ferland-Paquette.

PHOTO YAN DOUBLET, LE SOLEIL

Maël Ferland-Paquette, du groupe La mobilisation citoyenne pour une réforme du scrutin

Selon les groupes présents au point de presse, les distorsions entre le vote populaire et les sièges occupés par chaque parti au Parlement nuisent aux débats démocratiques. Ils déplorent entre autres qu’un parti obtienne une majorité des sièges même si une majorité de citoyens n’a pas voté pour lui. L’absence de députés élus du Parti conservateur du Québec (PCQ), alors que la formation politique d’Éric Duhaime a enregistré un nombre de voix similaire aux autres partis de l’opposition, est aussi dénoncée.

« Monsieur le Premier Ministre, vous avez dit fermer la porte à la question, mais c’est pas votre choix. On s’en vient ouvrir la porte et on va en parler. La manifestation, c’est une première étape. Il va y en avoir d’autres », a promis M. Ferland-Paquette.

« Le seul parti qui est en mesure de mener à terme une réforme du mode de scrutin, c’est le même parti qui a été outrageusement avantagé par ce système brisé. […] Le gouvernement de la CAQ, quand il s’est rendu compte que le système l’avantageait, a décidé de jeter, de saboter lui-même sa propre réforme des institutions démocratiques pour des considérations strictement partisanes et à très courte vue », a déploré Jean-Benoit Ratté.