(Ottawa) Le premier ministre Justin Trudeau a déclaré n’avoir jamais été informé si des candidats aux élections fédérales de 2019 avaient reçu du financement du gouvernement chinois.

Un reportage Global News diffusé plus tôt ce mois-ci avait cité des sources anonymes affirmant que Trudeau avait été informé en janvier dernier que la Chine avait tenté de s’ingérer dans la politique canadienne, notamment en finançant au moins 11 candidats aux élections fédérales de 2019.

Les libéraux ont été questionnés à maintes reprises à la Chambre des communes cette semaine par des députés de l’opposition, qui leur demandaient de révéler l’identité des candidats concernés et de savoir ce que le Canada comptait faire à propos de l’ingérence chinoise.

À l’instar de la vice-première ministre Chrystia Freeland, les députés qui ont réagi se sont montrés évasifs, se contentant de dire que les élections sont libres et justes au Canada.

Depuis la Tunisie, où il termine un voyage de 10 jours en Asie et en Afrique, M. Trudeau a déclaré que le gouvernement n’avait identifié publiquement aucun de ces candidats parce qu’il ne sait pas qui ils sont. Il a soutenu n’avoir appris ces allégations que par les médias.

« Je peux vous dire clairement : je n’ai aucune information sur des candidats fédéraux qui auraient reçu de l’argent de la Chine », a-t-il dit.

Il a aussi souligné qu’il était informé régulièrement par des responsables des renseignements et de la sécurité. Personne ne l’a mis au courant de ces allégations.

Le 14 novembre, les libéraux ont appuyé une résolution présentée par les conservateurs à un comité parlementaire de la Chambre des communes visant à prolonger l’enquête sur l’ingérence étrangère afin de « discuter des rapports des médias selon lesquels le Parti communiste chinois a travaillé pour influencer les élections fédérales de 2019 ».

Les libéraux disent avoir appuyé la motion parce qu’il croit que le reportage de Global soulève des questions auxquelles les officiels doivent répondre. La résolution demande que le gouvernement fournisse toutes les notes d’information, mémorandums et documents « pertinents » présentés au premier ministre et aux membres du cabinet à ce sujet dans un délai d’une semaine.

« J’ai demandé aux gens responsables de regarder à fond ces rapports médiatiques et de fournir toutes les réponses possibles au comité parlementaire qui fait un suivi sur ces questions », a déclaré M. Trudeau, dimanche.

Le Canada est en froid avec la Chine comme en font foi les relations tendues entre le premier ministre Trudeau et le président Xi Jinping lors du sommet du G20 à Bali, la semaine dernière.

M. Trudeau avait été rabroué par le président chinois pour avoir donné aux médias quelques détails sur leur échange de la veille, en marge de la réunion.

En s’adressant à M. Trudeau devant les caméras, le président Xi avait reproché au premier ministre d’avoir partagé les sujets abordés en privé aux médias.

« Tout ce dont nous avons parlé a fuité dans les médias, ce n’est pas approprié, avait dénoncé le premier ministre chinois. Et la conversation ne s’est pas passée comme ça. »

À ce moment, M. Trudeau a interrompu M. Xi et a repris la parole pour dire : « Nous croyons au dialogue libre, ouvert et franc et c’est ce que nous continuerons à avoir. Nous continuerons à chercher à travailler ensemble de manière constructive, mais il y aura des choses sur lesquelles nous ne serons pas d’accord. »

M. Trudeau s’est entretenu avec M. Xi mardi et son cabinet a affirmé qu’il avait fait part de ses préoccupations concernant l’ingérence de la Chine au Canada. Le premier ministre n’a pas précisé de quel type d’ingérence il s’agissait, mais ce commentaire fait suite à des allégations selon lesquelles Pékin dirigerait de facto des postes de police au Canada et que la Chine se serait ingérée dans les élections fédérales de 2019.

La porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Mao Ning, a aussi fermement nié que la Chine s’était ingérée dans les affaires internes de tout autre pays. Elle a accusé le Canada d’être responsable de la détérioration des relations diplomatiques entre les deux pays.