Le Parti québécois dénonce le sort qui lui est réservé dans les négociations entre les partis politiques représentés à l’Assemblée nationale et estime que le temps de parole et les budgets qu’on lui propose sont inéquitables.

La formation politique, qui a fait élire 3 députés, mais qui a obtenu plus de votes que le Parti libéral, se retrouverait avec 5 questions sur 100 et un budget d’un demi-million de dollars. Le PQ brise le secret des négociations dans l’espoir de faire bouger les choses.

« On exacerbe la distorsion électorale du mode de scrutin plutôt que de la corriger. On constate qu’il y a une impasse dans les négociations », a dénoncé le député péquiste Joël Arseneau en entrevue.

Sur le nombre de questions, par exemple, le PQ se retrouverait avec 4,5 % des questions, alors qu’avec 3 députés, il représente 8 % des élus des partis d’opposition. Québec solidaire en aurait 25, et le Parti libéral, 70. Pour le budget, le PQ, avec près de 500 000 $, aurait beaucoup moins de ressources que Québec solidaire (2 millions) et le Parti libéral (4,4 millions), selon des informations partagées par l’aile parlementaire péquiste. Le PQ serait également exclu du Bureau de l’Assemblée nationale, qui prend des décisions relatives à la gestion administrative de l’Assemblée.

M. Arseneau espérait au contraire que les négociations lui permettraient de « rétablir un certain équilibre ». L’argument de M. Arseneau : Québec solidaire, le Parti libéral et le Parti québécois ont obtenu, au vote populaire, des « scores similaires ». Pour que le Parti québécois puisse défendre la voix de ces électeurs, il a besoin de ressources en argent et de temps de parole, affirme-t-il.

Négociations pas terminées

Le chef libéral par intérim Marc Tanguay, responsable libéral pour ces négociations, a déploré cette sortie publique. « Je vais vous avouer une chose candidement. […] Moi, je suis un peu déçu, même très déçu que ça soit sorti public. La règle qu’on s’est donnée, là, à l’époque, les quatre leaders, on s’était dit : “On ne va pas négocier sur la place publique” », a-t-il lancé en point de presse en marge du caucus présessionnel de son parti.

« Là, j’entends que Paul St-Pierre Plamondon, il n’a pas de l’air content de ce qui se discute. L’entente n’est pas signée, les discussions doivent se poursuivre. Et je l’invite à revenir à la table de négociation, appelons-les comme ça, et qu’il discute avec nous. Au niveau des proportions, ça se discute », a-t-il dit.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Alexandre Leduc, leader parlementaire de Québec solidaire

Même son de cloche chez Québec solidaire. Le leader Alexandre Leduc trouve « dommage » que la négociation se retrouve sur la place publique. « C’est leur stratégie. Les chiffres qui circulent ne sont pas tout à fait là où on est rendus », a-t-il affirmé.

Il affirme qu’il comprend la position du Parti québécois, et qu’il est également « déçu du mode de scrutin et des résultats que ça produit », mais estime que pour ce qui est des proportions du temps de parole, « il n’y a pas d’autre choix que de prendre les résultats en nombre de députés ». Sinon, dit-il, il « faudrait donner des questions à des non-élus, suivant cette logique ».