(Ottawa) L’Union des municipalités du Québec (UMQ) revient à la charge en demandant au gouvernement Trudeau de respecter l’échéancier initial imparti aux provinces pour qu’elles utilisent les fonds fédéraux destinés à financer des projets d’infrastructures.

La décision unilatérale d’Ottawa de devancer au 31 mars 2023 cet échéancier est d’autant plus déplorable, selon l’UMQ, que le Québec risque de perdre 2,7 milliards de dollars. Au départ, l’échéancier avait été établi au 31 mars 2025 en vertu de l’entente conclue entre Ottawa et Québec en 2018. Mais dans son plus récent budget, la ministre des Finances, Chrystia Freeland, a annoncé que cet échéancier était devancé de deux ans et que les sommes inutilisées par les provinces resteraient dans les coffres d’Ottawa.

La ministre Freeland a réaffirmé cette intention dans son énoncé économique il y a deux semaines. Toutefois, ce nouvel échéancier ne s’applique pas aux territoires, qui auront donc droit à deux années supplémentaires.

« Le 31 mars 2023, c’est demain matin. D’ici le mois de mars, c’est impossible qu’on puisse injecter ces sommes. On va être durement pénalisés », affirme le président de l’UMQ et maire de Gaspé, Daniel Côté, dans une entrevue accordée à La Presse.

« L’entente initiale fixait l’échéancier au 31 mars 2025. J’aimerais bien que le gouvernement fédéral respecte sa parole », a-t-il ajouté.

Selon lui, les municipalités risquent de perdre des sommes importantes – 350 millions – pour les aider à s’adapter aux changements climatiques, si le gouvernement fédéral ne fait pas marche arrière. Dans sa propre municipalité de Gaspé, par exemple, on envisageait de présenter des projets pour contrer l’érosion des berges. Mais le nouvel échéancier rendrait une telle démarche impossible.

« Il y a d’autres municipalités qui ont d’autres projets semblables et qui n’auront pas le temps de les déposer parce qu’on impose une date limite qui se trouve être deux ans plus tôt », a ajouté M. Côté.

Il a dit souhaiter obtenir une rencontre avec le premier ministre Justin Trudeau ou encore le ministre des Affaires intergouvernementales, Dominic LeBlanc, afin d’exposer les conséquences du nouvel échéancier.

Lettre du Bloc

Récemment, le Bloc québécois a expédié une lettre au ministre Dominic LeBlanc l’invitant aussi à maintenir l’échéancier du 31 mars 2025.

« Nous vous l’avons signifié à de nombreuses reprises au courant des derniers mois, mais force est de constater que votre gouvernement s’entête dans cette prise de décision unilatérale qui nuit au Québec. Ce sont des milliards de dollars de leur propre argent dont vous menacez de priver les Québécois et les Québécoises en allant dans cette direction », a fait valoir le député bloquiste Xavier Barsalou-Duval, dans sa lettre datée du 4 novembre.

La semaine dernière, le ministre québécois des Infrastructures, Jonatan Julien, a profité d’une rencontre fédérale-provinciale des ministres responsables des Infrastructures afin d’exhorter le ministre LeBlanc à faire marche arrière.

Mais au bureau de Dominic LeBlanc, on maintient que la date limite du 31 mars est ferme. Ottawa entend d’ailleurs annoncer une nouvelle mouture d’un programme d’infrastructures au cours des prochains mois.