(Ottawa) Le président de la Chambre des communes, Anthony Rota, dit tenir à ce que l’environnement de travail soit sain pour les élus, en réponse à une demande d’enquête des libéraux sur le recours à un mot-clic caché faisant référence à des mouvements misogynes dans des vidéos du chef conservateur Pierre Poilievre.

« Je fais miens vos propos quant à l’importance que la Chambre des communes offre un milieu de travail sûr et respectueux pour tous les députés et leurs employés », écrit-il dans une lettre envoyée cette semaine à la députée libérale Jennifer O’Connell.

Cette dernière lui a fait parvenir par écrit, la semaine dernière, une requête pour le déclenchement d’une « enquête approfondie » entourant l’utilisation du mot-clic caché.

M. Rota a répondu qu’il avait demandé à ce que l’administration de la Chambre se penche sur le dossier pour « clarifier les rôles du président et du Bureau de la régie interne relativement aux questions » soulevées par Mme O’Connell.

L’élue a soutenu qu’elle cherchait à savoir si des règles parlementaires avaient été violées par le chef conservateur ou son équipe.

« Je demande donc que votre bureau, en collaboration avec le Bureau de régie interne, mène une enquête approfondie sur l’utilisation de longue date par M. Poilievre de mots-clés misogynes sur les médias sociaux et sur toute violation potentielle du Manuel des allocations et services aux députés qui en résulterait, notamment pour déterminer si M. Poilievre et son personnel ont utilisé des ressources parlementaires pour enregistrer, téléverser et diffuser ces vidéos troublantes », expliquait-elle la semaine dernière.

Mme O’Connell en a aussi fait une question d’environnement de travail puisque, selon elle, M. Poilievre a fait preuve d’un « mépris flagrant » quant aux valeurs qui font de la Chambre des communes un milieu sain, exempt de discrimination et de rhétorique haineuse.

Les libéraux soutiennent que l’emploi du mot-clic caché #mgtow — un acronyme pour « Men Going Their Own Way », qui signifie « Les hommes suivent leur propre chemin » — a été fait délibérément par M. Poilievre.

Dans sa missive consultée par La Presse Canadienne vendredi, le président de la Chambre ne se prononce par sur les « inquiétudes quant à l’utilisation des mots-clics » sauf pour remercier Mme O’Connell d’avoir porté le tout à son attention.

Le codage #mgtow aide à faire la promotion des vidéos dans les réseaux de ce mouvement composé d’antiféministes qui veulent retirer les femmes de leur vie. Le réseau Global a récemment révélé que le mot-clic caché était rattaché aux 50 dernières vidéos YouTube du nouveau chef conservateur.

Depuis que cette affaire a fait surface, le bureau de M. Poilievre a affirmé que ce dernier « ignorait l’existence de ces balises intégrées ». On a indiqué qu’elles avaient été « mises en place et automatisées » afin d’accompagner chaque vidéo « au cours des quatre dernières années et demie ».

« Les balises intégrées ont été immédiatement supprimées dès que son bureau en a eu connaissance. Il est évident que M. Poilievre condamne la misogynie et toutes les formes de haine en ligne », a-t-on ajouté.

Dans une déclaration écrite envoyée à La Presse Canadienne au moment où Mme O’Connell a fait sa demande d’enquête, M. Poilievre n’a pas directement commenté l’initiative des libéraux.

Il avait plutôt réitéré qu’il condamne la misogynie, profitant de l’occasion pour rappeler que Jody Wilson-Raybould et Jane Philpott-deux femmes-ont dû quitter le conseil des ministres dans la foulée de l’affaire SNC-Lavalin.

« Le premier ministre a renvoyé la toute première femme autochtone procureure générale. Je condamne sa maltraitance de jeunes femmes issues de minorités dans son propre caucus qui ont dû quitter la politique, et je le condamne pour le fait qu’il a porté des costumes racistes tant de fois qu’il en a perdu le compte. »

L’utilisation des réseaux sociaux par M. Poilievre pour galvaniser ses appuis durant la course à la chefferie du Parti conservateur qu’il a remportée haut la main a été soulignée par bien des observateurs.