(Ottawa) Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, effectuera une première visite officielle au Canada depuis qu’il est responsable de la diplomatie américaine. Cette visite le mènera à Ottawa jeudi et à Montréal vendredi, où la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, compte lui faire découvrir certains des plus beaux attraits de la métropole du Québec.

À Ottawa, M. Blinken doit discuter avec la ministre Joly des grands enjeux internationaux qui préoccupent les deux pays alliés, notamment la guerre en Ukraine, la sécurité dans l’Arctique, la Chine qui tente d’élargir sa sphère d’influence au-delà de la région de l’Asie ainsi que la situation difficile qui prévaut en Haïti, selon des informations obtenues par La Presse.

Dans le cas d’Haïti, le pays est plongé dans un véritable chaos social et politique depuis plusieurs mois, et le Canada et ses partenaires des Amériques cherchent des moyens de stabiliser la situation. Récemment, le Conseil de sécurité de l’ONU a décidé d’imposer des sanctions contre les gangs de rue qui sèment la terreur en Haïti de même qu’à leurs commanditaires.

À Montréal, les activités prévues sont encore en train d’être planifiées sous l’œil attentif des services secrets américains, qui tiennent à les évaluer sous toutes leurs coutures avant d’y donner leur aval.

M. Blinken a accepté de prolonger son séjour au Canada pour se rendre à Montréal, à l’invitation de Mme Joly, qui représente la circonscription montréalaise d’Ahuntsic-Cartierville à la Chambre des communes.

Ce séjour de quelques heures dans la métropole confirme les relations étroites qu’il entretient avec la ministre Joly, selon une source gouvernementale qui a requis l’anonymat afin de s’exprimer plus librement.

« Antony Blinken aurait très bien pu se rendre à Toronto à la place pour y rencontrer les acteurs économiques. Mais il a choisi de venir à Montréal. C’est un choix qui en dit long sur les bonnes relations qui existent entre lui et la ministre », a indiqué cette source.

Mike Pompeo est le dernier secrétaire d’État américain à avoir effectué une visite au pays. Cela remonte au mois d’août 2019, quand Donald Trump était encore président des États-Unis, et bien avant la pandémie de COVID-19.

Ayant passé quelques années de sa vie à Paris, M. Blinken est à l’aise en français. Les conversations entre lui et la ministre Joly se déroulent d’ailleurs fréquemment en français, au grand dam de l’entourage du secrétaire d’État américain, qui a de la difficulté à suivre les conversations.

Il s’agira de la deuxième rencontre bilatérale entre la ministre Joly et le secrétaire d’État Blinken en un mois. Mme Joly s’est rendue à Washington pour un tête-à-tête le 30 septembre. La coordination de la réponse des pays alliés face à la Russie dans le dossier de la guerre en Ukraine ainsi que les efforts de la communauté internationale pour soutenir la démocratie en Haïti ont été les principaux sujets à l’ordre du jour.

La Chine

Il a également été question de l’importance de poursuivre la collaboration entre Ottawa et Washington pour établir des partenariats avec des pays de la région indopacifique devant une Chine qui tente par tous les moyens d’élargir sa sphère d’influence.

C’est durant cette visite à Washington que la ministre Joly a invité son homologue américain.

Antony Blinken viendra donc au Canada avant le président des États-Unis, Joe Biden. Dans une entrevue accordée à La Presse, la semaine dernière, l’ambassadrice du Canada à Washington, Kirsten Hillman, a indiqué que le locataire de la Maison-Blanche pourrait aussi effectuer une visite officielle sous peu.

PHOTO JIM WATSON, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Le président des États-Unis, Jos Biden, et le secrétaire d’État, Antony Blinken

Oui, [Joe Biden] va venir bientôt. Il ne faut pas oublier que le premier appel qu’il a eu avec un leader étranger après son inauguration était avec le premier ministre Trudeau […]. Il privilégie vraiment notre relation.

Kirsten Hillman, ambassadrice du Canada à Washington

En novembre 2020, après l’élection présidentielle, la Chambre des communes a formellement invité le président à effectuer une visite officielle au pays et à prononcer un discours devant le Parlement.

Cela est devenu une tradition de voir le nouveau président américain effectuer sa toute première visite officielle à l’étranger au Canada. L’ancien président Donald Trump a toutefois fait fi de cette tradition. En fait, M. Trump n’a pas effectué de visite officielle au Canada durant son mandat de quatre ans, hormis les quelques heures qu’il a passées dans la région de Charlevoix en juin 2018 lors du Sommet du G7.

En 2001, George W. Bush avait aussi fait entorse à cette tradition diplomatique vieille de près de 60 ans en faisant du Mexique, et non du Canada, la première destination étrangère de sa présidence. Mais son successeur, Barack Obama, l’avait rétablie en effectuant une visite officielle à Ottawa dans les premiers mois de sa présidence, en février 2009.