(Ottawa) La tentative du Bloc québécois de garder vivant le débat à Ottawa quant au serment d’allégeance que doivent prêter les députés au roi Charles III a engendré une vigoureuse réplique du ministre du Patrimoine canadien et lieutenant pour le Québec, Pablo Rodriguez, lors de la période des questions, jeudi.

« À chacun ses priorités ! […] Les députés du Bloc, monsieur le Président, au début, ils étaient ici pour leur passion. Aujourd’hui, on se rend compte qu’ils sont ici pour leur pension », a-t-il déclaré dans une réponse à la seconde question portant sur la monarchie que posait le chef bloquiste, Yves-François Blanchet.

Il n’en fallait pas plus pour causer un chahut d’une trentaine de secondes aux Communes, des cris pouvant être entendus en provenance des banquettes bloquistes.

« Je ne connais pas un député du Bloc qui ne renoncerait pas à la sienne, demain matin, on fait l’indépendance », a répliqué M. Blanchet quelques minutes plus tard au cours d’une troisième question sur le même sujet où il a demandé au ministre si sa loyauté va « à Charles III ou au peuple ».

M. Rodriguez a une fois de plus répondu qu’il entend continuer de se battre pour « les vraies priorités de tous les Québécois », recommençant une fois de plus une énumération comprenant la hausse du coût de la vie, l’accès au logement, l’aide à la petite enfance et les soins de santé.

Dès sa première intervention, le chef bloquiste avait plutôt énoncé ce qui lui semble être certaines des priorités du gouvernement : contester la loi québécoise sur la laïcité et le renforcement de la Charte de la langue française.

M. Blanchet avait noté que l’enjeu du serment à la couronne britannique soulève une question fondamentale. « Qui est le chef d’État du Canada ? », a-t-il demandé.

Plutôt que de répondre que c’est Charles III, le ministre de la Justice, David Lametti, a expliqué que le serment est fait « envers nos institutions et notre démocratie, dont le souverain fait partie », ajoutant que les tribunaux ont clairement établi qu’« il ne s’agit pas d’un serment à la personne, aujourd’hui Charles III, mais bien à l’État qu’il représente ».

Le débat découle du coup d’éclat des députés du Parti québécois puis de ceux de Québec solidaire qui ont annoncé qu’ils refusent de prononcer le serment d’allégeance au roi, une règle d’assermentation prévue par la constitution canadienne.

Appelé à préciser ses propos sur la capacité de l’Assemblée nationale du Québec à modifier seul le serment, le premier ministre Justin Trudeau a fermé la porte, mercredi, à tout changement constitutionnel.

Des spécialistes de la constitution canadienne consultés par La Presse Canadienne croient cependant que le Québec pourrait amender seul la constitution pour régler la question, mais il ne s’agit pas d’une opinion unanime chez les juristes.

Les bloquistes prévoient garder le sujet à l’ordre du jour. Ils en feront le thème de leur première journée d’opposition de la session, mardi prochain, alors qu’ils inviteront la Chambre à débattre de mettre fin à la relation qu’a le Canada avec la monarchie britannique.