(Québec) Les députés de Québec solidaire ont prêté serment mercredi « envers le peuple du Québec », mais n’ont pas prêté allégeance au roi Charles III et n’ont pas signé le registre des assermentations. Il leur reste maintenant un peu plus d’un mois pour trouver une solution leur permettant de siéger au Salon bleu pour effectuer leur travail d’élus.

« Je déclare sous serment que je serai loyal envers le peuple du Québec et que j’exercerai mes fonctions avec honnêteté et justice dans le respect de la Constitution du Québec », a lancé le chef parlementaire du parti, Gabriel Nadeau-Dubois.

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Photo prise au Salon rouge de l’Assemblée nationale lors de l’assermentation des députés de Québec solidaire. Les membres de la formation ont refusés de porter serment au roi Charles III. Assermentation de Gavriel Nadeau-Dubois leader et co-porte-parole de la formation solidaire.

C’est la première fois que des élus participaient à cette cérémonie sans prêter serment à la monarchie britannique. Le Parti québécois utilisera la même stratégie vendredi. Le chef péquiste, Paul St-Pierre Plamondon, martèle depuis la campagne électorale qu’il ne prêtera pas allégeance au roi.

Sans serment au roi, les députés reçoivent un salaire et peuvent embaucher du personnel de circonscription. Mais, pour l’instant, ils n’ont pas le droit de rentrer au Salon bleu.

La veille, Gabriel Nadeau-Dubois a demandé une rencontre entre les formations politiques représentées à l’Assemblée nationale pour trouver une voie de passage afin de permettre aux élus antimonarchistes de siéger. En effet, ce serment est un passage obligé selon la Loi constitutionnelle de 1867 et la Loi sur l’Assemblée nationale.

Le député de Jean-Lesage, Sol Zanetti, qui a déposé un projet de loi lors de la dernière législature pour rendre optionnel le serment monarchique, se dit heureux du débat en cours sur cette question. Il reconnaît que la cérémonie tenue mercredi est davantage symbolique, puisqu’elle ne permettra pas aux élus de QS et du PQ de siéger au Salon bleu lors de la reprise des travaux parlementaires, à la fin du mois de novembre. Il espère toujours trouver une solution pour éviter cet acte qu’il juge humiliant.

Mais M. Zanetti voit tout de même dans cette cérémonie une avancée : en 2018, le parti s’était vu refuser cette demande par l’Assemblée nationale. Les élus solidaires de cette cuvée avaient donc décidé de faire le serment en cachette.

« Rafraîchir les idées »

Gabriel Nadeau-Dubois a profité de cette cérémonie pour réaffirmer les valeurs de son parti, et du combat qu’il allait mener lors des quatre prochaines années. Il entend porter la voix de ceux qui subiront les impacts des décisions du gouvernement Legault. Il veut « ouvrir les fenêtres » de l’Assemblée nationale pour « rafraîchir les idées » qui y circulent.

Il a également remercié les candidats défaits qui ont « porté » le projet politique de Québec solidaire dans les dernières semaines, et a salué le travail d’Émilise Lessard-Therrien, défaite dans Rouyn-Noranda–Témiscamingue. Lors de cet hommage, Mme Lessard-Therrien a éclaté en sanglots, et a été consolée par Françoise David. Elle a reçu une ovation des invités présents au Salon rouge.

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La candidate et députée défaite de Québec solidaire Émilise Lessard-Therrien était émotive lors de la cérémonie.

M. Nadeau-Dubois a ensuite présenté la « bande des 11 », en s’incluant lui-même dans ce groupe de 11 députés de Québec solidaire représentés à l’Assemblée nationale. Il a souligné la victoire de Christine Labrie dans Sherbrooke, qui a fait mordre la poussière à la candidature vedette de la Coalition avenir Québec Caroline St-Hilaire. « Il y en a qui ont travaillé fort pour la tasser », a dit M. Nadeau-Dubois.

« L’année du climat »

Québec solidaire entend continuer de mener son combat environnemental, a souligné le chef parlementaire. « Québec solidaire sera la voix de l’environnement à l’Assemblée nationale. On va parler fort, on va parler vrai, vous allez nous entendre tous les jours. On a assez joué avec le feu au Québec, la prochaine année doit être l’année du climat », a lancé M. Nadeau-Dubois.

Il a appelé ses militants à garder « espoir » malgré la récolte moins grande qu’espérée le 3 octobre : une légère perte en matière de voix, un gain d’un député, à Montréal. Un « avenir vert » et « juste » est à leur portée, a-t-il lancé.

Les nouveaux élus de Québec solidaire

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Haroun Bouazzi

Haroun Bouazzi, 43 ans, Maurice-Richard

Originaire de la Tunisie, M. Bouazzi est arrivé au Québec à l’âge de 20 ans. Il est titulaire d’un baccalauréat et d’une maîtrise en génie informatique de Polytechnique Montréal, et travaille depuis 15 ans à la Banque de développement du Canada. Il a remporté la circonscription de Maurice-Richard, situé à Montréal, une circonscription qui a historiquement été remportée par le Parti québécois ou par les libéraux.

Alejandra Zaga Mendez, 34 ans, Verdun

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Alejandra Zaga Mendez

Originaire du Pérou, Mme Zaga Mendez est arrivée au Québec à 14 ans. La présidente de Québec solidaire est spécialiste des enjeux environnementaux, elle est titulaire d’un doctorat en développement durable et conservation de l’Université du Québec en Outaouais et d’une maîtrise en sciences des ressources naturelles de l’Université McGill. Elle a fait tomber une forteresse libérale, Verdun, rouge depuis sa création en 1966.

Étienne Grandmont, 44 ans, Taschereau

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Étienne Grandmont

M. Grandmont a pris le relais de la solidaire Catherine Dorion, qui ne s’est pas représentée, dans la circonscription de Taschereau à Québec. Le spécialiste du transport collectif a été pendant près d’une décennie directeur général chez Accès transports viables. Il a participé à la création d’organisations comme le regroupement pro-tramway J’ai ma passe, Piétons Québec ou la Coalition nationale Non au troisième lien.