(Ottawa ) Le chef du Parti conservateur Pierre Poilievre a rencontré l’ancien premier ministre Brian Mulroney, lundi soir, à Ottawa, afin d’obtenir son diagnostic sur les défis économiques que doit relever le pays et entendre ses conseils sur les moyens qu’il doit prendre pour mener les troupes conservatrices à la victoire aux prochaines élections fédérales.

Cette rencontre, qui a eu lieu à Stornoway, la résidence officielle du chef de l’opposition, est survenue quelques heures après que M. Mulroney a pris part à l’éloge funèbre de la reine Élisabeth II lors d’un service commémoratif à la cathédrale Christ Church, dans le centre-ville d’Ottawa.

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L’ancien premier ministre du Canada Brian Mulroney, lors d’un service commémoratif pour la reine Élisabeth II à Ottawa, lundi

Cette rencontre est aussi survenue moins d’une semaine après que le député Alain Rayes a claqué la porte du parti en déclarant ne plus se reconnaître dans sa formation politique à la suite de la victoire décisive de Pierre Poilievre. M. Rayes avait appuyé l’ancien premier ministre du Québec Jean Charest durant la course à la direction du Parti conservateur, marquée par des échanges acrimonieux entre M. Poilievre et M. Charest.

MM. Poilievre et Mulroney ont par la suite partagé un repas en compagnie de leurs conjointes respectives, Anaida Poilievre et Mila Mulroney, a confirmé une source conservatrice.

« C’était le premier souper et la première rencontre qu’avait M. Poilievre à Stornoway », a indiqué cette source, qui a préféré conserver l’anonymat. La famille Poilievre n’a pas encore déménagé ses pénates dans cette résidence officielle située dans le chic quartier de Rockcliffe Park, où se trouvent également plusieurs résidences d’ambassadeurs.

« Nouvelle extraordinaire »

Dans les rangs conservateurs, on estime que cette rencontre entre M. Mulroney, qui a dirigé un gouvernement progressiste-conservateur de 1984 à 1993, et M. Poilievre envoie un puissant message à l’ensemble des troupes au sujet de l’unité du parti.

M. Mulroney n’a publiquement accordé son appui à aucun candidat durant la course. Mais en privé, il a donné un coup de main discret à Jean Charest, ancien ministre de son gouvernement.

Des sources conservatrices ont souligné que M. Poilievre et M. Mulroney se connaissaient depuis quelques années. En outre, Mark Mulroney, l’un des fils de l’ancien premier ministre, a appuyé Pierre Poilievre durant la course à la direction.

« C’est une nouvelle extraordinaire, cette rencontre. D’autant que Brian Mulroney disait pas plus tard qu’en juin qu’il ne se reconnaissait plus dans le Parti conservateur. Les choses ont pas mal évolué depuis une semaine », a confié une source conservatrice, satisfaite des premiers pas de Pierre Poilievre comme chef du parti.

Selon le lieutenant politique de Pierre Poilievre au Québec, le député Pierre Paul-Hus, le tête-à-tête entre son chef et M. Mulroney démontre que le parti est uni. Il a rappelé aussi que l’ancien premier ministre Stephen Harper avait ouvertement appuyé M. Poilievre durant la course à la direction.

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Pierre Paul-Hus

Je suis très heureux de voir que le nouveau chef du Parti conservateur a rencontré Brian Mulroney. La grande famille conservatrice est unie. Cette rencontre en est la preuve.

Pierre Paul-Hus, lieutenant politique de Pierre Poilievre au Québec

Le coût de la vie, cheval de bataille

Depuis sa victoire, il y a 10 jours, M. Poilievre s’est également entretenu avec son prédécesseur, Erin O’Toole, qui a été éjecté de son poste au début de février à la suite d’un vote des députés, ainsi qu’avec l’ancien ministre de la Justice et cofondateur du Parti conservateur moderne, Peter MacKay, a rapporté mercredi soir le Toronto Sun. M. Poilievre aurait aussi eu un entretien téléphonique « cordial » avec Jean Charest quelques jours après sa victoire, toujours selon le Sun.

Dans une entrevue accordée à La Presse, en août, Pierre Poilievre a affirmé qu’il comptait assurer l’unité du parti en concentrant l’essentiel de ses efforts sur les enjeux qui ont toujours rallié les conservateurs : l’économie, la lutte contre l’inflation, la réduction du déficit et les baisses d’impôt.

Depuis la reprise des travaux parlementaires, mardi, M. Poilievre et les députés conservateurs bombardent le gouvernement Trudeau de questions sur la hausse du coût de la vie. Le chef conservateur a de nouveau sommé les libéraux de ne pas augmenter les cotisations à l’assurance-emploi et au Régime de pensions du Canada le 1er janvier, et à mettre sur la glace la hausse de la taxe sur le carbone prévue en avril.

Anticipant les critiques, le gouvernement Trudeau a déjà annoncé des mesures ciblées totalisant 4,5 milliards de dollars pour soutenir les moins nantis. Il propose notamment de doubler le crédit d’impôt pour la TPS pendant six mois et d’offrir un supplément unique de 500 $ à l’Allocation canadienne d’aide au logement.

On devrait assister ce jeudi au premier duel entre Justin Trudeau et Pierre Poilievre à la Chambre des communes. M. Trudeau était à New York mardi et mercredi en marge de l’Assemblée générale des Nations unies.